Récemment, il a été annoncé que les grandes surfaces allaient mettre en vente un très grand nombre de masques de protection. Nous parlons ici de plusieurs millions de masques qui seront disponibles dans les prochains jours directement dans les grandes surfaces. Cette annonce a entraîné l’indignation des professionnels de santé et des personnels soignants qui manquent cruellement de masques depuis le début de la crise.
D’ailleurs, les professionnels de la santé ont écrit un texte cinglant à propos de cette annonce qui les met en colère : « Toute guerre a ses profiteurs. C’est malheureusement une loi intangible de nos conflits. Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution ».
Ces derniers accusent les gérants des grandes enseignes d’avoir stocké un grand nombre de masques pour les vendre au prix fort à l’approche du dé-confinement, empêchant ainsi les soignants d’avoir accès aux protections nécessaires à leur sécurité. Ils s’indignent de voir que les masques étaient bien présents, mais qu’ils n’y ont pas eu accès malgré le fait qu’ils sont les professionnels qui en ont le plus besoin. Écœurés, ils ne comprennent pas comment ils ont pu manquer de masques pour eux et les patients les plus fragiles pendant de longues semaines, alors que tout à coup ce sont des milliers de masques qui sont disponibles à la vente. Cette annonce est dénoncée comme un manque de dignité.
Mais les grandes enseignes se défendent, assurant qu’elles n’ont pas stocké de masques, mais que ces derniers arrivent petit à petit. Carrefour annonce que les masques seront vendus en caisse pour éviter les abus et les pénuries auxquelles nous avons pu assister au début de la crise du COVID-19.
Les professionnels de santé préviennent : « l’heure viendra, nous l’espérons, de rendre des comptes ». En attendant que vienne cette heure, les professionnels de santé affirment qu’ils vont continuer d’assumer la mission pour laquelle ils se sont engagés. Mais ils ont été très clairs : ils ne laisseront pas passer, et ils n’oublieront pas. Plusieurs ordres de professionnels de santé se sont rejoints derrière ce message fort. D’ailleurs, certains grands personnages politiques les soutiennent dans ce sens, notamment Jean-Luc Mélenchon.
Mais la fédération du commerce et de la distribution encore une fois se défend, affirmant que ce n’est pas à cause des enseignes de la grande distribution qu’il y a eu des problèmes d’approvisionnement de masque et d’équipement de protection. Selon elle, toutes les grandes enseignes ont fait don de leurs masques FFP2 aux professionnels de santé au début de la crise, et n’ont absolument pas caché le moindre stock. Les millions de masques annoncés ne sont donc pas encore en stock, mais sont les chiffres qui ont été commandés, et qui devraient arriver au fur et à mesure des semaines. Nous devrions d’abord voir arriver les masques jetables, puis ensuite les masques en tissu réutilisables chez les différentes grandes enseignes de vente.
Mais cette déclaration n’a pas servi à calmer les différents collectifs en colère, qui se sentent trahis par ces enseignes. D’ailleurs, une annonce a été faite sur twitter par un avocat : l’un des collectifs a décidé de porter plainte contre carrefour si l’enseigne n’est pas capable de prouver les dates de réception des masques. La sénatrice de Gironde a écrit un courrier au président du Sénat : « De deux choses l’une : soit la grande distribution a une puissance de frappe infiniment supérieure à celle de l’État et a réussi à se procurer autant de masques en si peu de temps, et dans ce cas-là la commission devra faire toute la lumière sur les insuffisances de la chaîne de décision nationale. Soit la grande distribution se moque de la santé du peuple français, et devra répondre à cette question : combien de vies auraient pu être épargnées si ces stocks avaient été distribués plutôt que d’être stockés en attendant d’être vendus ! ».
Une affaire sur laquelle il faudra donc faire toute la lumière.