De nos jours, nos yeux sont considérablement sollicités en raison des nombreuses heures que nous passons quotidiennement devant les multiples écrans de nos appareils électroniques (smartphones, tablettes, télévisions, consoles de jeux vidéo…), et ce, sans que nous en ayons forcément conscience. Ajouté à cela, les nombreux facteurs quotidiens qui agressent nos yeux comme la pollution, le soleil, le chauffage, la climatisation, etc. Ce n’est donc pas étonnant que les troubles de la vision représentent la première cause d’atteinte sensorielle en France, et que 7 français sur 10 portent des lentilles de contact ou des lunettes.
Pour toutes ces raisons, il est impératif de prendre soin de notre vue en consultant régulièrement un professionnel de la santé oculaire. Alors qui sont ces professionnels de la vue ? Qui consulter en cas de troubles de la vision ? Qu’est-ce qu’un optométriste et pourquoi faut-il le préférer à l’opticien ? Tout ce qu’il faut savoir dans le présent article.
Table des matières
Les professionnels de la vue : qui sont-ils ?
Avant de parler avec précision du métier d’optométriste, nous allons présenter les différents professionnels qui interviennent dans notre santé visuelle pour faire la part des choses entre eux :
Ophtalmologiste ou ophtalmologue
Un ophtalmologiste est un médecin spécialiste des yeux. Il a donc suivi un cursus médical général durant 6 années puis il a poursuivi sa formation en se spécialisant dans le domaine de l’ophtalmologie. Pour pouvoir exercer, il doit être diplômé en ophtalmologie après avoir validé 10 semestres d’enseignement pratiques et avoir passé une thèse.
Ce professionnel de la vue est donc qualifié pour évaluer, diagnostiquer et traiter toutes les pathologies des yeux et des paupières. Au-delà de la prescription de verres correcteurs ou de lentilles, il joue un rôle essentiel dans le traitement et la prévention de certaines pathologies oculaires causées par des affections fréquentes comme le diabète ou l’hypertension artérielle.
Orthoptiste
Un orthoptiste est un paramédical titulaire du certificat de capacité d’orthoptie obtenu suite à une préparation de 3 ans après le baccalauréat et la réussite du concours d’entrée dans l’un des établissements dépendants de la faculté de médecine. Il est qualifié pour le dépistage, la rééducation et la réadaptation oculaire (c’est en quelque sorte le kinésithérapeute des yeux). Il est sous la dépendance de l’ophtalmologiste, ce dernier lui oriente des patients dont il doit, grosso modo, mesurer le champ visuel, dépister et corriger d’éventuels troubles de la vision binoculaire (comme le strabisme, les troubles de la convergence, l’amblyopie…).
Opticien lunetier
L’opticien lunetier, désigné couramment par « opticien », est un auxiliaire de santé ayant un BTS d’opticien lunetier dont la formation dure 2 ans après le baccalauréat, et un certificat de qualification professionnelle pour pouvoir gérer les activité techniques ou commerciales d’un magasin d’optique. La mission de ce professionnel consiste en l’amélioration, le maintien, la restauration et la protection de la vision d’un amétrope (personne ayant un trouble de la réfraction oculaire), et ce, par la commercialisation de lunettes, lentilles de contact et tout autre dispositif visant à aider la vision et la santé oculaire.
Les connaissances d’un opticien lunetier lui permettent de fabriquer et d’ajuster les verres des lunettes ou des lentilles cornéennes en fonction des prescriptions émanant d’un ophtalmologiste ou d’un docteur en optométrie.
Un opticien diplômé peut approfondir ses connaissances et élargir ses compétences dans les domaines suivants :
- La lunetterie : pour pouvoir créer ses propres modèles de lunettes,
- Le commerce : pour développer ses connaissances en gestion, communication et marketing en rejoignant une école de commerce,
- L’optométrie : pour se rapprocher un peu plus du domaine médical et paramédical, il peut choisir de suivre une formation pour devenir optométriste.
Optométriste ou « docteur en optométrie »
Un optométriste est un professionnel de la santé oculaire ayant un baccalauréat en sciences et un doctorat en optométrie décroché dans une école universitaire agréée d’optométrie. Cela peut être aussi un opticien lunetier ayant poursuivi sa formation jusqu’à bac +5 pour se spécialiser dans l’optométrie.
Optométriste : quel est son statut en France ?
Il faut savoir qu’en France, il n’existe pas de cadre légal dans le code de la santé publique pour la profession d’optométriste. Cela malgré la présence de formations et diplômes en optométrie reconnus à l’échelle nationale et européenne. Cette profession est donc, actuellement, exercée sans reconnaissance, sans réglementation et sans statut bien défini. C’est bien dommage pour la France car elle dispose d’optométristes très compétents, capables d’assumer plusieurs des tâches habituellement accomplies par l’ophtalmologiste (dont le des délais pour un rendez-vous peuvent aller jusqu’à 6 mois dans certaines régions), ce qui permet une meilleure prise en charge des patients.
Ce formidable potentiel n’a pas échappé, entre autres, aux États Unis d’Amérique, chez qui l’optométriste bénéficie d’un statut reconnu et valorisé depuis 1901 ! De nombreux pays à travers le monde ont également donné à cette profession la place qu’elle mérite, alors qu’attend la France pour en faire de même ? Cette question est actuellement débattue au sein de l’assemblée nationale et le ministère de la santé a laissé une petite ouverture sur la possibilité de reconnaissance du statut d’optométriste …
Optométristes : prise en charge par la sécurité sociale
Les frais du changement ou de prescription de lunettes ou lentilles de contact chez un optométriste, sans passer par un ophtalmologiste, ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale. Pour bénéficier d’un remboursement, il faut obligatoirement se munir d’une prescription médicale délivrée par un ophtalmologiste.
Remboursement des lunettes
Les frais de vos lunettes de vue (monture et verres) sous prescription médicale bénéficient d’une prise en charge par l’assurance maladie. À partir du premier janvier de l’année 2020, les opticiens lunetiers vous proposent une gamme de lunettes de vue de qualité entièrement prise en charge par la sécu et votre mutuelle santé, c’est-à-dire sans reste à payer. Cette gamme est appelée « le panier 100% santé » avec :
- Le remboursement intégral des montures : il est possible pour celles ne dépassant pas 30€ (qui sont déjà de qualité),
- Le remboursement intégral des verres de classe A, qui appartiennent au « panier 100% santé ». Tandis que les verres de classe B, sont vendus à des prix libres.
Le remboursement de vos lunettes achetées en ligne est aussi parfaitement possible, si les conditions suivantes sont réunies :
- Le site internet où vous avez effectué l’achat de vos lunettes est agréé par la sécurité sociale,
- Vous bénéficiez d’une prescription médicale délivrée par votre ophtalmologiste, celle-ci doit être envoyé à l’opticien lunetier en ligne,
- Les lunettes vendues sur le site doivent avoir le marquage CE,
- Vous devez avoir la possibilité de renvoyer les lunettes que vous avez acheté dans le cas où elles ne sont pas adaptées.
Remboursement des lentilles
Les lentilles de contact que vous achetez chez un opticien lunetier ou un optométriste ne sont remboursées que dans certaines indications précises. Ces dernières sont les suivantes :
- Le strabisme accommodatif (déviation de l’œil due à la nécessité d’accommodation permanente) ;
- La myopie (trouble de la vision de loin) égale ou dépassant les 8 dioptries
- L’astigmatisme (vision floue) irrégulier ;
- L’aphakie (absence de cristallin) ;
- L’anisométropie (différence de réfraction entre les deux yeux) supérieure ou égale à 3 dioptries ne pouvant être corrigé par des lunettes
- Le kératocône (perte de la forme sphérique de la cornée qui prend une forme conique).
Quelles sont les tâches effectuées par un optométriste en France ?
Bien qu’ils n’aient pas un statut reconnu en France, les optométristes sont formés pour réaliser une grande partie des tâches qui sont dans le domaine de compétence des ophtalmologistes. En voici les principales :
- L’examen de la vision ;
- La contactologie ;
- La basse vision ;
- Le dépistage ;
- Les spécialisations.
L’examen de la vision
Un optométriste, contrairement à un simple opticien, est qualifié pour réaliser un examen complet de la vision, comme le ferait un ophtalmologiste, et est capable d’émettre de propositions thérapeutiques pertinentes dans de nombreuses affections. Il suivra donc les étapes classiques de tout examen ophtalmologique, à savoir :
- L’anamnèse ou « l’interrogatoire » du patient : c’est la première étape de l’examen médical dans toutes les spécialités qui existent. L’optométriste, dans cette étape, va s’intéresser à la vie du patient (sa profession, ses conditions de travail, ses loisirs, ses plaintes ou symptômes, ses antécédents médicaux et chirurgicaux, …)
- L’examen de la vision : l’optométriste ne se limite pas à a mesure de l’acuité visuelle, il réalise un examen fonctionnel complet de l’œil avec, entre autres, la mesure du champs visuel, l’évaluation de la coordination des mouvements oculaires, la perception de la profondeur oculaire, la perception des couleurs, la réactivité pupillaire, la présence de certaines pathologies (glaucome, conjonctivite, infection, orgelet, chalazion…)
- L’essai des résultats : une fois l’anamnèse et l’examen de la vision achevés, l’orthoptiste procède à l’essai des résultats qu’il a obtenu en conditions d’utilisation habituelles du patient, et ce, en utilisant des tableau fixes placés à distance, en réalisant des tests sur ordinateur, sur tablette, etc. L’optométriste va donc affiner sa compensation pour obtenir une acuité visuelle optimale.
Il faut savoir que dans la grande majorité des cas, les corrections (lunette ou lentilles de contact) prescrites par les ophtalmologistes sont supportables par le patient mais ne sont pas optimales. Ceci s’explique par leur importante charge de travail et le nombre astronomique de patients qu’ils reçoivent chaque jour (entre 50 et 200 patients par jour, voire plus!), il leur est donc difficile d’évaluer avec précision la correction parfaite pour chacun d’entre eux. C’est pour cela que l’optométriste se charge d’améliorer celle-ci pour permette au patient une vision optimale.
La contactologie
La France figure parmi les pays dont le taux de porteurs de lentilles est le plus faible d’Europe. Cela est principalement dû à la non harmonisation des différentes professions de la santé oculaire et du manque de communication entre les différents professionnels sur le territoire français.
Il est important de préciser que la contactologie est très chronophage pour les ophtalmologistes, ces derniers optent donc généralement pour la prescription de lunettes, beaucoup moins exigeantes en termes d’entretien et d’apprentissage des mesures d’utilisation. Et sachant que les ophtalmologistes sont, théoriquement, les uniques prescripteurs de des lentilles de contact, le faible taux de leurs porteurs en France est donc compréhensible.
En revanche, les optométristes, en plus d’être parfaitement formés dans le domaine de la contactologie (350 heures de formation théorique et pratique sur les lentilles de contact ! Aucun autre professionnel de la santé oculaire n’est autant formé sur la contactologie, pas même les ophtalmologues), disposent de suffisamment de temps à consacrer à chaque patient afin de parfaitement lui expliquer la méthode d’utilisation de ses lentilles, l’apprentissage de leur manipulation, les règles d’hygiène à respecter, le suivi du patient en termes de tolérance de ses lentilles… Ceci permet donc une prise en charge optimale des porteurs de lentilles de contact par les optométristes, chose qui n’est pas atteignable par les simples opticiens, ni par les ophtalmologues dans les conditions actuelles de leur exercice.
La basse vision
On parle de basse vision (ou malvoyance) lorsque l’acuité visuelle, mesurée au meilleur œil corrigé, est inférieure à quatre dixièmes (4/10) et/ou l’atteinte du champs visuel < 60 degrés.
Le domaine de la basse vision est le seul qui fait à peu près l’unanimité quant à l’importance et la nécessité de l’optométriste et de l’opticien spécialisé en basse vision. En effet, cette affection qui est très fréquente nécessite une prise en charge pluridisciplinaire, faisant appel entre autres à l’opticien-optométriste, l’ophtalmologue, l’orthoptiste, le psychomotricien, l’ergothérapeute, le psychologue…
Le rôle de l’optométriste consiste à évaluer la vision du patient et à optimiser les différents moyens de correction disponibles pour permettre une amélioration visuelle efficace.
Le dépistage
L’optométriste est suffisamment qualifié et dispose des connaissances nécessaires afin d’assurer les soins basiques et le dépistage de certaines pathologies des yeux, ce qui n’est pas forcément le cas d’un simple opticien lunetier. En revanche, le diagnostic et la prise en charge thérapeutique des affections oculaires sont exclusivement sous la dépendance des ophtalmologistes. C’est pour cela que les docteurs en optométrie (optométristes) orientent les patients à ces derniers (ou à des généralistes selon la situation) dans les délais appropriés,
Les optométristes, ainsi que les opticiens lunetiers, ont la possibilité d’adapter les ordonnances afin de renouveler les équipements optiques des patients sans passer à chaque fois par un ophtalmologiste, et ce, pour une prescription datant de moins de 3 ans (jusqu’à 5 ans, cela dépend de l’âge du patient). Durant les différents rendez-vous pour les renouvellements, les optométristes, et à une moindre mesure les opticiens lunetiers, sont en première ligne dans le dépistage de certaines affections ophtalmologiques, notamment :
- Les glaucomes ;
- La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ;
- La rétinopathie diabétique (grâce à un fond d’œil) ;
- La rétinopathie hypertensive (conséquence d’une hypertension artérielle) ;
- Le décollement de rétine (DDR) ;
- D’autres affections fréquentes comme les orgelets, les chalazions, les conjonctivites…
Les optométristes jouent donc un rôle capital dans la prise en charge médicale des pathologies de l’œil, dans la mesure où ils les dépistent précocement et les orientent rapidement vers un ophtalmologiste pour bénéficier d’un traitement précoce, ce dernier ayant une importance capitale dans l’efficacité thérapeutique.
Les spécialisations
Les différentes spécialités en optométrie sont toutes enseignées durant la formation initiale (bac +5). Toutefois, elles ne sont pas mises en pratique de manière égale par tous les optométristes. En effet, ceux-ci peuvent se spécialiser dans les domaines suivants durant leur exercice :
- La vision et le sport : évaluer et améliorer les performances visuelles de haut niveau ;
- La posturologie ;
- La neurovision ;
- La vision et le développement psychomoteur ;
- L’optométrie et le développement de la vision.
Où exercent les optométristes en France ?
Les optométristes peuvent exercer à différents niveaux, notamment :
En milieu médical : un grand nombre d’optométristes choisissent d’exercer en milieu médical, que ce soit au sein d’un hôpital ou d’un cabinet d’ophtalmologie. Ce phénomène s’est particulièrement accentué durant les 5 dernières années et peut être partiellement expliqué par la faible attractivité de l’exercice en magasin.
En libéral : une petite partie a choisi d’exercer en libéral et de facturer leurs services visuels au lieu des équipements optiques. L’association des optométristes de France (AOF) a proposé de reconnaître la profession d’optométriste uniquement en libéral afin de solutionner la problématique d’ordre éthique de prescripteur-vendeur.
En magasin : environ 70 % des optométristes exercent en magasin, sous le cadre légal que leur offre leur statut d’opticien lunetier. Et malheureusement, la réglementation française ne fait actuellement pas la distinction entre optométriste et opticien lunetier. Toutefois, la qualité de formation des optométristes leur procure une plus grande confiance de la part des patients, ces derniers auront donc tendance, à juste titre, à les préférer aux simples opticiens lunetiers.
En milieu industriel : de nombreux optométriste offrent leurs compétences au milieu de l’industrie visuelle, notamment l’industrie des verres ophtalmiques, de contactologie, de chirurgie rétractive…
Dans l’enseignement : étant incontestablement les opticiens les mieux formés, les optométristes sont les plus qualifiés pour transmettre leurs connaissances aux futures générations d’opticiens lunetiers et optométristes au niveau des écoles d’optique. Ils peuvent même intervenir dans la formation des ophtalmologistes (tout comme les ophtalmologistes interviennent dans la formation des optométristes, c’est donc un parfait exemple d’échange de connaissances entre une même famille de professionnels).