Salama Madagascar !
Le confinement partiel dans la grande île a commencé depuis le 22 mars 2020, la date à laquelle le président Andry Rajoelina a déclaré l’existence de 3 cas positifs à Madagascar. L’Université ainsi que beaucoup d’autres établissements ont dû cesser leur activité. Étant étudiant, je suis retenu à la maison depuis presque 3 mois maintenant.
Pour cette série de reportages sur la pandémie à travers le monde, nous faisons appel à toutes les personnes qui veulent bien nous donner leur vision de cette crise. Un grand merci à tous les participants !
Même avant la crise sanitaire, je fais quelques travaux en lignes pour passer mes heures perdues. C’est ce qui m’a permis de me tenir occupé pendant le confinement, mais en même temps, je me fais quelques revenus. C’est super pour moi, mais tous mes compatriotes n’ont pas cette chance.
Dès que le président a annoncé que le coronavirus est arrivé à Madagascar, la panique s’est tout de suite installée. À 21 h cette même nuit, une longue file d’attente s’est formé dans presque toutes les pharmacies de la capitale pour se procurer des cache bouche et un gel désinfectant. Le lendemain, presque toute la population c’est précipitée pour faire de la provision. Je me souviens bien, à 7 h du matin, un vendeur en gros a déjà liquidé plus de 30 sacs de riz. Tout le monde s’est précipité pour vider les épiceries. Bon… j’avoue, ce n’était pas le cas de tout le monde, je parle de ceux qui en ont le moyen. Parce que, oui ! Dans la capitale de la grande île, beaucoup cherchent aujourd’hui ceux qu’ils vont manger demain. Heureusement, les aides sociales provenant du gouvernement et de différentes associations n’ont pas tardé pour soutenir les plus démunis. Les SDF ont été regroupés dans différents établissements où des responsables s’occupent d’eux afin d’empêcher la propagation du virus.
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À presque 2 mois de la crise, les bilans sanitaires…
Depuis les 3 étrangers qui ont été testés positifs au coronavirus, les chiffres n’ont pas cessé d’évoluer. Mais ce qui a le plus marqué l’état d’alerte de la population malagasy, c’est la découverte de « cas contacts ». Tout le monde craignait une propagation imminente et importante du covid-19 dans toute l’île, et ce fut le cas.
Toutefois, je tiens à féliciter les médecins, les infirmiers et tout le personnel médical pour leur courage et leur dévouement. Ils se sont bien organisés pour gérer les malades malgré un évident manque de matériels et d’équipements adéquats. D’ailleurs, les chiffres du 11 mai 2020 témoignent de leur engagement : 186 cas confirmés, 105 guérisons et 0 décès. Je tiens également à préciser que le ministère de la Santé publique, ainsi que le gouvernement en place ont fourni beaucoup d’efforts pour soutenir le personnel soignant au moyen d’approvisionnement d’équipement de protection et de test pour dépister le virus.
Covid Organics : le remède traditionnel de Madagascar
Après la déclaration du président Andry Rajoelina, le remède contre le coronavirus, Covid Organics a déclenché une polémique dans le monde entier. Peu de temps après sa mise en lumière, ce remède à base de plante, produit par l’IMRA (Institue Malgache de Recherches Appliquées) a été administré, d’une part à tous les malades du coronavirus à titre de traitement curatif, et d’autre part à la population malagasy à titre préventif. La reprise de l’école pour les classes qui vont passer les examens nationaux a été décidée à l’entrée du mois de confinement. Tous les élèves ont aussi bénéficié du Covid Organics.
La question que tout le monde se pose (même moi), c’est : ce remède à base d’Artémisia, guérit-il vraiment du coronavirus ? En tout cas, ici à Madagascar, personne n’est encore décédé du virus jusqu’à maintenant et rares sont celles qui en sont arrivées à la forme grave.
La population malagasy, comment gère-t-elle la crise ?
Je tiens à préciser que le confinement chez nous n’est que partiel. En d’autres termes, nous avions le droit de sortir, faire des courses par exemple, avant midi. Le reste de la journée, il est interdit de sortir de chez soi même si cette restriction n’a pas toujours été respectée.
Depuis quelques semaines, Madagascar sort progressivement du confinement. Ce qui à mon jugement personnel est plutôt hâtif. Pas étonnant que le nombre de « cas contacts » a fait un saut qui fait frissonner tout le monde. Le jeudi 7 mai, les responsables ont annoncé 35 nouveaux cas dans la grande île, le chiffre le plus élevé enregistré jusque-là. À ce propos, le président malagasy accuse le laxisme de certains responsables, ainsi que le non-respect des mesures barrière par la population. Le gouvernement a en effet exigé certains dispositifs : port obligatoire de cache bouche, interdiction de sortir et d’entrer dans les 3 régions les plus touchées par la pandémie, couvre-feu à partir de 20 h jusqu’à 5 h du matin, interdiction des regroupements de masse, etc. L’État a mis en place un centre de commandement opérationnel pour superviser la gestion de la crise. Les ordres proviennent d’Ivato, dans la capitale, là où se trouve le bureau national. Des centres régionaux s’occupent de la lutte contre la propagation du virus dans les périphéries de la grande île.
Malheureusement, face à la situation, beaucoup restent têtus, notamment les habitants de la ville d’Antananarivo. Le peuple malagasy a davantage peur des autorités que de la propagation du coronavirus.
Et l’économie, comment va-t-elle ?
Je ne suis pas un spécialiste, mais pas besoin d’être un expert pour voir que l’économie de Madagascar est très touchée par cette pandémie. D’autant que plusieurs Malagasy sont des travailleurs indépendants. Une aide à hauteur de 100 000 Ar a été proposée par l’État afin de soutenir les plus concernés comme les chauffeurs de taxi et de bus, les artistes… C’est un geste notable de la part du gouvernement certes, mais il faut avouer que c’est loin d’être suffisant.
Le déconfinement progressif est un risque que l’État malagasy est obligé de prendre pour refaire tourner l’économie. Une tâche qui reste toutefois compliquée. Je prends un simple exemple sur les chauffeurs de bus qui se plaignent de ne pas gagner assez. En effet, ils travaillent jusqu’à 15 h et les places sont limitées. Certains petits restaurants ont dû arrêter leur activité habituelle pour vendre des légumes. En outre, la plupart des entreprises franches spécialisées dans le textile ne sont plus en mesure d’exporter leur produit à l’étranger notamment vers les États-Unis et l’Europe. Beaucoup de salariés ont perdu leurs emplois.
Madagascar est un petit pays. Le peu de ressources que nous avons a permis de faire notre mieux pour gérer la crise du coronavirus. Bien que certains de mes concitoyens nient encore le danger que représente ce virus, nombreux sont ceux qui respectent avec engagement les dispositifs de barrières. Je ne peux pas dire que la gestion de la pandémie est parfaite à Madagascar. Il existe de nombreuses failles. Cependant, nous sommes à presque deux mois après l’entrée du Covid-19 dans la grande île et nous n’avons enregistré aucun décès dû à la maladie. Pour moi, c’est un point essentiel.