Pour pouvoir lutter contre les inégalités sociales qui touchent à la santé, il faut pouvoir les connaître et les mesurer. Malheureusement, ce n’est pas le cas. En France, il n’est pas possible d’obtenir des informations satisfaisantes concernant ces inégalités. Mais cela peut inquiéter, en sachant que ces dernières vont être creusées par la crise que nous sommes en train de traverser.
Après cette crise, il faudrait pouvoir repenser les bases du système de santé, comme le réclament le personnel de santé et le personnel hospitalier depuis de longs mois, et ce bien avant la crise sanitaire qui nous touche. Selon beaucoup, ce serait le meilleur moyen de les remercier pour leur dévouement actuel permettant de sauver des vies.
Cette crise est un bon moment pour se pencher sur une question épineuse : celle des inégalités sociales face à la santé. Ces dernières existent depuis déjà longtemps, mais il est difficile de les imaginer en temps normal. Mais cette crise nous permet d’imager plus facilement ces inégalités. En effet, on imagine que les infections sont plus fréquentes en bas de l’échelle sociale, auprès des professions pénibles et qui n’offrent que peu de protections, comme les caissiers et caissières, livreurs et livreuses, personnels soignants, etc. De plus, ces inégalités se voient aussi au niveau des mesures prises face à la pandémie : le confinement est beaucoup plus difficile chez les classes sociales basses. En effet, le confinement n’est pas aisé pour les personnes vivant dans de petit appartement, souvent loin d’être confortables, le tout à plusieurs ce qui facilite les infections. Bien sûr, d’autres inégalités sont renforcées par la crise actuelle, comme les inégalités scolaires par exemple.
Bien sûr, ces inégalités existaient bien avant la crise du COVID-19 qui nous touche actuellement. Mais cette dernière a permis de les souligner, et elle est une occasion de repenser le système de santé, afin de combler les inégalités. Beaucoup de personnes craignent un renforcement de ces inégalités après la crise, et tirent la sonnette d’alarme, afin que quelque chose soit fait avant qu’il ne soit trop tard.
Aujourd’hui en France, les élus ont tendance à traiter les inégalités sociales face à la santé, et l’économie comme deux choses très distinctes. Mais ces deux notions sont fortement liées, et devraient être traitées ensemble. Les inégalités face à la santé ne devraient pas passer au second plan. Elles sont des enjeux majeurs qui devraient être traités en priorité. En ce moment, la question des inégalités sociales n’est que très peu traitée, ce qui ne laisse présager rien de bon pour l’après-crise. Le gouvernement et les scientifiques font des recommandations qui se veulent universelles, mais qui dans la pratique ne peuvent pas s’appliquer partout à cause de ces inégalités sociales.
De plus, beaucoup de sujets sont abordés pour envisager la sortie de la crise de la façon la plus sereine, mais malheureusement, les inégalités sociales de santé n’ont pas encore été abordées. Pourtant il y a un risque concernant ces dernières, car avec la crise, de nouvelles inégalités viendront s’ajouter à celles préexistantes, et le fossé des inégalités se creusera encore plus. Malheureusement, l’absence de données permettant de relier la santé au contexte social rend les choses plus difficiles, car les inégalités ne peuvent pas être évaluées. Et s’il n’est pas possible de les mesurer, alors il est très difficile de les effacer.
Mais il n’est pas trop tard pour évoquer le sujet des inégalités sociales de santé, et pour faire en sorte que ces questions soient réglées avant la fin de la crise, pour éviter de creuser plus profondément ces dernières.