Sawat-Dee Khrap Thaïlande !
Ici, pas plus de saison printanière que d’automne avant l’hiver, on passe directement de la période dite « froide », avec entre 25° et 30 ° au plus chaud d’une journée de janvier, à un été sec et aride avec des températures dépassant quotidiennement les 40° à l’ombre, et ce, dès le mois de mars.
Pour cette série de reportages sur la pandémie à travers le monde, nous faisons appel à toutes les personnes qui veulent bien nous donner leur vision de cette crise. Un grand merci à tous les participants !
Avant même ce début de printemps européen, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que la propagation du coronavirus était considérée comme une pandémie mondiale. Je suis à Chiang Mai, capitale du nord de la Thaïlande, où je vis avec ma famille depuis bientôt deux années, et je dois avouer que je suis sous le choc, comme tout le monde ici, d’autant plus que les cas d’infections au Covid-19 ne cessent d’augmenter localement ces derniers jours…
Table des matières
Les prémices d’une pandémie mondiale
En Thaïlande, l’annonce du gouvernement chinois de la découverte du coronavirus apparu en décembre 2019 sur son territoire n’a pas été prise à la légère. Et vu que l’on savait que plusieurs millions de touristes en provenance de Chine étaient actuellement ici pour fêter le Nouvel An chinois qui devait avoir lieu à la mi-janvier, tout le monde a pris ses propres précautions, et ce, bien avant que le gouvernement thaï n’ait annoncé une quelconque mesure.
Très vite donc, c’est-à-dire dès fin décembre, nous nous sommes tous retrouvés à porter des masques dès que nous fréquentions un endroit susceptible d’accueillir de la foule. Malgré les doutes et les diverses mesures draconiennes prises par la Chine et quelques pays asiatiques touchés par le virus, la vie continuait à filer doux en Thaïlande. Entre bonne humeur collective et méditation bouddhiste. Et même si les prédictions des spécialistes étaient plutôt pessimistes sur la propagation du virus pour les jours à venir, tout le monde essayait de relativiser et de se persuader que le pire était déjà loin.
La crise sanitaire en Thaïlande
Mais la situation a basculé fin février, quand les premiers cas de coronavirus sont apparus en Europe pour rapidement faire des ravages. Ici, on suivait ces dramatiques informations de très près, et l’on mesurait la rapidité avec laquelle le virus, nouvellement nommé Covid-19 par l’OMS, se propageait à travers le monde. Et contrairement à l’inaction des dirigeants des premières puissances mondiales, le gouvernement thaï prit des dispositions dès que l’on a comptabilisé quelques centaines de cas d’infections au virus sur le territoire.
C’est ainsi que dès début mars, chaque aéroport, gare, port maritime, frontière terrestre et tous les établissements étant susceptibles de recevoir du public, étaient munis de capteur de fièvre et de gel hydroalcoolique, en plus des masques portés depuis déjà deux mois. Malheureusement, alors que la pandémie tuait des dizaines de milliers de personnes à travers le monde, la Thaïlande n’était pas épargnée.
Gestion de crise sanitaire thaïe
À la mi-mars, alors que l’Europe appelait sa population à se confiner pour atténuer le nombre de décès quotidiens qui se comptaient par plusieurs milliers, la Thaïlande annonçait quant à elle avoir dépassé les 1000 cas d’infections au Covid-19, avec une dizaine de morts seulement. Et alors que la crainte d’une montée en flèche soudaine de l’épidémie était sur tous les visages thaïs en cette dernière semaine du mois de mars, des mesures fortes et expéditives furent décidées par le gouvernement fraîchement élu démocratiquement.
Même si je sais ce pays très corrompu, et que j’ai plutôt du mal à accepter qu’une dictature militaire puisse accéder légitimement au pouvoir, je dois dire que pour le coup, chacun des acteurs du gouvernement thaï a joué son rôle avec grande détermination et professionnalisme. Et le peuple, qui allait être le premier à pâtir de ces nouvelles règlementations exceptionnelles, allait lui aussi saluer le travail de ses dirigeants face à la propagation du virus.
C’est ainsi que du jour au lendemain, toutes les frontières, qu’elles soient terrestres, maritimes ou aériennes, allaient être bouclées sur le champ. Et que tout établissement recevant du public, c’est-à-dire 90% d’entre eux, allaient être fermés jusqu’à nouvel ordre. Bars, restos, salons de massage, salle de sports, centres commerciaux, piscines, cinémas, et bien d’autres encore allaient tirer rideau pour une durée inconnue. De plus, un couvre-feu allait être installé de 22 h à 4 h du matin dans toutes les provinces du pays, ainsi qu’une interdiction de circuler entre ces mêmes provinces pour éviter l’exode rural, et pouvoir ainsi freiner la propagation du virus.
Une population fière et solidaire
Je connais la Thaïlande depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, et ce que j’apprécie surtout ici, ce sont les Thaïlandais… Depuis le premier jour où j’ai pu avoir une relation avec eux, j’ai compris qu’ils étaient bien différents de nous autres, occidentaux. Loin de nos tracas quotidiens, ils prennent la vie comme elle vient, certainement grâce au Bouddhisme, mais ils restent positifs en toute situation, fiers de leurs traditions et solidaires dans toutes leurs actions. Alors que fait le peuple thaï lorsque son gouvernement lui impose la pire des situations en cette période de crise ? Et bien, il temporise, et bien loin de toutes polémiques, il applique à la lettre les consignes qui lui sont imposées. Et je peux vous dire que depuis que tout est plus que cadenassé avec l’instauration du nouvel état d’urgence, beaucoup d’entre eux ont perdu travail et logement après avoir dû quitter la ville où ils fonctionnaient pour devoir rejoindre leurs familles habitant dans les régions les plus reculées du pays.
Cette situation dramatique touchant fortement l’économie déjà peu reluisante ces dernières années, voit aujourd’hui une forte recrudescence de la pauvreté immerger à travers tout le pays. Et alors que le gouvernement promet une allocation temporaire de 5000 bahts à tous ceux qui ont perdu leur emploi, une solidarité exemplaire se met en place dans chaque agglomération. Ainsi, de nombreuses collectes de nourriture sont distribuées aux plus démunis dans un calme et une sérénité propre aux Thaïlandais.
La situation aujourd’hui en Thaïlande
Tout porte à croire que, depuis quelques semaines, l’instauration du blocus voulu par le gouvernement porte ses fruits. En effet, la propagation du virus a nettement cessé et les chiffres sont plutôt positifs. Avec « seulement » un peu plus de 3000 cas d’infections avérées et 56 morts à déplorer, le pays semble à l’abri d’une hécatombe comme l’ont vécue de nombreux autres pays, tels que la France ou les États-Unis. Mais l’avenir reste encore incertain, et ici l’on continue à méditer, dans l’attente du futur vaccin qui, lui seul, saura mettre fin à cette pandémie.
Chok-dee khrap…