Occupant très rarement les débats entre les candidats aux élections françaises, il est très probable que la santé va s’inviter avec force dans les programmes politiques pour les présidentielles de l’année prochaine. Au regard de l’accroissement inquiétant des peines mentales depuis la survenance de la maladie Covid-19, le sujet portant sur la santé psychique qui semble être un interdit pourrait être au cœur des différents débats. En excluant la période relative à cette maladie mondiale, une estimation établit que 20 % de la population sera victime de dérèglements psychiques telles que : la dépendance, la psychose maniaco-dépressive, la neurasthénie, la psychasthénie, etc. Il est généralement difficile d’aborder la discussion sur la nécessité de reformer la psychiatrie en raison de la multiplicité de ces pathologies, de leur caractère complexe et le regard peu compatissant de la société sur les personnes qui en sont victimes.
Depuis quelques années, on assiste à une évolution sans cesse croissante des personnes qui désirent obtenir des soins. Actuellement, on totalise plus de deux millions de patients consultés chaque année dont 470 000 hospitalisations. C’est dans cette période délicate et de tous les défis pour la psychiatrie que la maladie Covid-19 a fait son apparition en entraînant de multiples doutes, de décès, de confinement, de perturbation, de perte de repère, qui ont fait grimper considérablement la peine mentale de plusieurs personnes.
La situation critique actuelle a exposé au grand jour les manquements de notre manière de prendre en charge la santé psychique en augmentant les besoins : pendant les mois de septembre, octobre et novembre 2020, on a vu le doublement des symptômes de dépression, la mauvaise qualité du sommeil des Français. En effet, 65 % de la population française a des difficultés à dormir. Il faut noter également que de plus en plus de Français recourent aux tranquillisants et à l’alcool. La gent féminine, les jeunes et les personnes en situation de précarité sont les plus frappés, mais personne n’en est épargné.
Les maladies mentales occupent la première position dans les dépenses de l’Assurance maladie
Cette pléthore de maladies mentales et de troubles psychologiques, si elle n’est pas prise en charge avec rapidité et de manière adaptée, pourrait être un frein à notre système de santé et plus généralement sur le monde au cours des années à venir. Or il est de plus en plus difficile d’accéder aux soins en raison des longs délais d’attente, de l’absence de remboursement des traitements psychologiques, de la restriction d’accès aux soins dont la qualité n’est pas discutable, de la disparité des interventions, du mauvais accueil réservé aux malades psychiatriques, etc.
Peut-on se limiter à ces éléments suscités pour dire qu’il y a une carence en ce qui concerne la place accordée aux malades atteints de pathologies mentales ? En s’intéressant un peu plus à ce sujet, cela ne paraît pas évident ! En effet, les pathologies mentales sont loin d’être le parent pauvre de notre système de santé dans la mesure où plus de 23 milliards d’euros leur sont alloués chaque année par l’assurance maladie ; ceci les place devant les pathologies cardiovasculaires, le diabète et même les cancers. En outre, la France est parmi les pays de l’OCDE dans lesquels on retrouve le plus de médecins psychiatres par habitant. En fait, bien que les dépenses de soins soient considérables, elles sont raisonnables lorsqu’on jette un coup d’œil sur le montant total de la piètre prise en charge de la santé psychique dans toute la France.
Il est assez difficile de donner le montant total de cette prise en charge au rabais au regard de l’influence que ces pathologies ont sur la société dans sa globalité et les conséquences générées de part et d’autre. En effet, il ne faut pas seulement prendre en considération les frais médicaux directs comme les remèdes et les hospitalisations, il faut aller plus loin et y inclure les montants qualifiés « d’indirects », dont l’importance est plus visible et très en rapport avec la médiocre prise en charge. Ces montants indirects sont occasionnés par la chute du rendement observé en raison du chômage ou du manque de travail par les personnes qui en sont victimes et dans certains cas des membres de leurs familles.
Cela se justifie non seulement par cette chute du rendement, mais aussi par la diminution du niveau de vie et les décès précoces. Les individus victimes de pathologies mentales graves trépassant en moyenne entre 13 et 16 ans plus tôt que les autres. Nombreux sont les éléments dont les dépenses ne sont pas faciles à quantifier : la détérioration de la santé, les durées de vie perdues. Afin dévaluer ces éléments, les économistes font recours au QALY, c’est-à-dire « Année de Vie Pondérée par La Qualité ». En 2012, une étude réalisée a estimé que ces montants inchangeables se chiffraient à 65 milliards d’euros l’an.
Une amélioration considérable des soins s’impose
On peut constater que cette étude évaluait les dépenses relatives à la prise en charge de la santé psychique à 109 milliards d’euros chaque année. Cette somme est presque la même que celle suggérée par la Cour des comptes, qui avance le chiffre de 107 milliards d’euros.
Quelques pistes pour améliorer cette situation
Au regard de ces données, qui ne peuvent pas rendre entièrement compte de la douleur et de la peine des personnes malades et des membres de leurs familles, il faut impérativement et urgemment procéder à la mise sur pied de règles susceptibles d’apporter des solutions aux sollicitations des populations. Ces règles devront respecter les axes que nous présentons dans l’étude santé mentale : affronter la crise : tout d’abord, les populations doivent être informées en vue de changer la perception qu’elles ont des pathologies psychiatriques. Ensuite, mettre suffisamment de ressources financières dans la recherche étant donné qu’elle est vectrice d’espoir, de qualité des soins et de bonne perception de ces pathologies ainsi que de leurs conséquences.
Enfin, l’amélioration de la prise en charge, extrêmement focalisée sur l’hôpital et les soins spécialisés de nos jours et mis à l’écart du reste du dispositif de santé. Une amélioration considérable des soins s’avère nécessaire et favoriserait, notamment plusieurs malades en leur donnant la possibilité de bénéficier d’un suivi de manière optimale en médecine générale à partir du moment où nos généralistes seraient dotés de meilleurs équipements afin de donner de bons résultats.
Très beau texte ! Après la lecture de ce texte, on sort plus édifié.
Merci pour votre commentaire et merci de nous avoir lu.