La pandémie de coronavirus qui a traversé toute la planète a poussé les différents pays à prendre des mesures exceptionnelles pour protéger les populations. Depuis quelques semaines, la maladie a perdu suffisamment de terrain pour permettre en France, la reprise de la plupart des commerces (tout en respectant certaines mesures pour continuer de veiller à la santé de chacun).
Mais malgré ces mesures qui sont toujours en place, un certain relâchement a été constaté auprès de la population. En effet par exemple, lors de la fête de la musique, nous avons constaté de très nombreux rassemblements, dans lesquels les masques se font de plus en plus rares. Pourtant, ces derniers sont indispensables pour garantir la sécurité de chacun. Il ne faut pas oublier que nous sommes toujours en pleine crise sanitaire, et que les efforts ne doivent surtout pas être relâchés si chacun veut pouvoir se protéger. Ce relâchement fait craindre la reprise de la pandémie. Cette crainte vient s’ajouter à la santé mentale des Français qui a déjà été fortement malmenée pendant la pandémie.
Plusieurs études ont montré que le confinement avait eu des effets très négatifs sur la santé mentale, notamment auprès des plus jeunes, et des personnes dans des situations précaires. Un certain nombre de personnes se plaint d’avoir des problèmes de sommeil, et d’être beaucoup plus stressé qu’habituellement. De plus, les inégalités sociales ont aussi été soulignées avec cette pandémie.
Table des matières
Santé mentale des Français
Plusieurs enquêtes ont été menées récemment auprès des populations pour essayer d’évaluer ce mal-être. Il en est ressorti que pendant le confinement, la santé des Français en termes d’anxiété s’est fortement dégradée. Il en va de même pour les problèmes de dépression, et les problèmes de sommeil. Mais elles ont aussi montré qu’après le confinement, ces problèmes ont diminué, mais ne sont pas complètement revenus à la normale. Il n’est pas possible d’évaluer précisément combien de temps il faudra pour que cette vague de problèmes mentaux puisse diminuer et se résorber pour un total retour à la normale. Ce sont surtout les 18-24 ans qui sont touchés par cette augmentation des problèmes mentaux. Cela viendrait du fait que la pandémie et l’état de crise sanitaire, jugé comme très sérieux et effrayant par les Français a eu un fort impact sur leur mental. De plus, ajoutons que le confinement a aussi posé beaucoup de problèmes en lui-même.
De plus, nous constatons aujourd’hui que les services de soin et les hôpitaux ont été pris d’assaut après le confinement. Cela est dû au fait que pendant le confinement, ces derniers étaient concentrés sur la crise sanitaire, et une fois que celle-ci s’est calmée, tous les patients qui n’avaient pas pu être pris en charge sont revenus. Il s’est passé la même chose concernant les services de psychiatrie, qui n’ont pu répondre à la demande que très partiellement pendant le confinement.
La situation dans le monde
Pékin a publié au mois de février des études montrant que le confinement et la crise sanitaire avaient eu un impact sur la santé mentale dans le pays, notamment au niveau de l’anxiété et de la dépression. Encore une fois, ces problèmes touchent notamment les plus jeunes. Le même genre de données ont été confirmées dans plusieurs pays autour du globe.
Ainsi, plusieurs experts parlent de seconde vague, mais pas au sens de l’épidémie. Ici, les experts parlent d’une seconde vague dans le sens mental du terme. Nous pouvons dire que cette seconde vague est déjà présente. En effet, elle est déjà ressentie partout autour du monde, au niveau de la demande en ce qui concerne les soins psychologiques.
Étude COCONEL
Cette étude permettait de suivre un échantillon de la population représentatif pour voir l’évolution de la situation chaque semaine du confinement. Ainsi, cela a permis de se rendre compte de la manière dont a été vécue la situation par les Français.
Durant l’étude, nous avons constaté que la plupart des français, soit environ 90% étaient d’accord pour dire que le confinement était une mesure utile, et même la seule mesure réellement efficace pour mettre fin à la pandémie, et stopper la progression du virus. Avec le temps, la proportion de Français d’accord avec cette affirmation a baissé, mais de façon très infime. Pour un grand nombre de personnes, c’était d’ailleurs la seule mesure qui pouvait être mise en place, aux vues du manque de masque, de tests, et d’autres solutions. Ainsi, le confinement est la solution en absence de solution.
Mais bien sûr, une partie de la population n’a pas soutenu le confinement. Mais ces personnes sont la plupart du temps les personnes qui en ont le plus souffert. Mais la plupart des gens ont soutenu cette décision, alors même que cette dernière avait un certain coût, et que la maladie ne les touchait pas directement. Selon notre étude, plus de trois quarts de la population française n’était pas touchés par la maladie, que ce soit eux ou l’un des membres de leur famille ou de leur entourage proche. Mais malgré ce grand nombre de personnes non touchées par cette pandémie, tous étaient d’accord pour se plier au confinement, et même pour soutenir ce dernier. Nous pouvons expliquer cela par le fait que la pandémie et le sujet du confinement ont été tous les deux fortement traités médiatiquement pendant de longs mois. Ainsi, l’opinion publique a été façonnée par cette couverture médiatique.
Mais même si cette couverture médiatique a été menée afin de convaincre l’opinion publique, cette couverture a aussi une part de responsabilité dans les problèmes mentaux qui sont apparus avec le temps.
En effet, durant le confinement et la pandémie, nous avons vu beaucoup d’images qui ont pu choquer un certain nombre de personnes, notamment des images de morgues et de camions frigorifiques dans lesquels il n’y avait pas suffisamment de place. Nous avons aussi vu les services de réanimation surchargés, des images de soignants en combinaison intégrale, etc. Toutes ces images ont contribué à créer une ambiance anxiogène chez une partie de la population française. En effet, environ trois quarts de la population française a estimé que ces images étaient anxiogènes.
De plus, après un mois de confinement, la plupart des personnes interrogées ont avoué éviter le sujet de la pandémie, en changeant de chaîne, de station de radio, etc. pour éviter le sujet, car ils ne supportaient plus d’en entendre parler. De plus, beaucoup ont aussi affirmé qu’ils ne suivaient plus le comptage quotidien du nombre de décès.
Ainsi, même si la médiatisation de la pandémie a permis à une partie de la population d’accepter plus facilement le confinement, il n’en est pas moins que cette dernière a aussi contribué au développement des problèmes mentaux.
Le confinement a-t-il été vécu de la même manière partout en France ?
La réponse à cette question est non. En effet, de nettes différences géographiques ont été remarquées. Cela est dû au fait que certaines régions ont été plus touchées que d’autres. Nous avons aussi pu constater des différenciations sociales.
En effet, beaucoup ont souligné le fait que le confinement et la pandémie n’avaient fait que renforcer des inégalités sociales qui étaient déjà bien présentes, notamment au niveau de la santé. En effet, chez les personnes dans les situations les plus précaires, nous avons souvent constaté que les logements étaient surpeuplés, ce qui a accru les risques de contamination au coronavirus. De plus, chez les personnes les plus précaires, encore une fois l’accès au soin s’est avéré encore plus difficile. Ainsi, le confinement n’a donc pas été vécu de la même manière par tout le monde.
Mais ces différences géographiques ne se voient pas seulement sur l’évolution de l’épidémie. En effet, ils ont aussi été constatés au niveau de la détermination et la volonté de suivre le confinement, et au niveau de la santé mentale des habitants des différentes régions. C’est la même chose en ce qui concerne la situation professionnelle, et aussi concernant le revenu. L’impact de cette pandémie et de ce confinement n’a pas été le même pour tout le monde.
De plus, les inégalités peuvent être perçues aussi en ce qui concerne le télétravail. En effet, comme nous pouvions nous en douter, tout le monde n’a pas eu les mêmes facilités pour continuer son activité professionnelle en télétravail. En effet, pour les cadres, les choses ont été beaucoup plus faciles, alors que les ouvriers et employés ne pouvaient pas forcément travailler de cette manière à distance. De plus, un certain nombre de personnes ont déclaré que depuis le confinement, leur situation financière est devenue plus compliquée. Bien sûr, de nombreuses mesures ont été mises en place par le gouvernement pour essayer de conserver une situation financière au beau fixe pour un maximum de personnes, mais malheureusement, ces mesures n’ont pas été suffisantes pour aider tout le monde, et nous continuons de voir des habitants dans des situations précaires à cause de ce confinement. Et comme vous devez vous en douter, les personnes qui ont les situations les plus compliquées en ce moment sont celles qui étaient déjà dans les situations les plus précaires avant ce confinement et cette pandémie.
De plus, les personnes les plus précaires sont aussi celles qui ont exprimé le plus grand besoin en termes de soins psychologiques. Cela est dû au surpeuplement des logements, mais aussi au fait que les personnes précaires ont moins accès aux soins que les autres, ce qui a augmenté la sensation de peur et de danger chez eux, ce qui a donc encore plus dégradé la santé mentale de ces derniers. Vous l’aurez donc compris, les impacts psychologiques sont plus forts chez les personnes précaires, plutôt que chez les autres.
Que faire face à cela ?
Le gouvernement a émis l’idée et l’envie de pouvoir protéger les populations les plus faibles, pour une prévention plus efficace. Mais selon certains, ce n’est pas la meilleure des solutions. En effet, ce qu’il faut avant tout, c’est comprendre pourquoi cette partie de la population a le plus mal réagi à cette pandémie et à ce confinement. C’est en comprenant cela que l’on pourra mettre en place une prévention vraiment efficace, qui permettra d’aider ces personnes sur le long terme.
Nous pouvons essayer aussi de comprendre que parmi ces populations plus précaires, la consommation d’alcool et de tabac a fortement augmenté. Cela peut être dû au fait que le tabac et l’alcool ont été vus comme des exutoires, permettant d’aller mieux. Mais pour d’autres, le confinement a au contraire été un moyen d’en diminuer la consommation. Il serait intéressant de comprendre pourquoi cette différence. En effet, nous savons que généralement, chez les populations précaires, le tabac et l’alcool sont vus comme des moyens de fuir des réalités difficiles, ou de les vivre plus facilement. Et en période de pandémie et de confinement, cette sensation a dû être accentuée. Il faut donc prendre ces éléments en compte pour faire de la prévention. Mais il faut aussi comprendre comment ces processus d’adaptation se sont mis en place. Mais attention, ces consommations ne doivent pas être vues comme des maladies, et le but est donc de comprendre pourquoi certaines personnes sont plus enclines que d’autres à effectuer ces pratiques sociales, c’est-à-dire à consommer de l’alcool et du tabac. Mais il faut faire attention de ne pas donner l’impression à ces personnes qu’elles sont atteintes par une pathologie, mais bien leur faire comprendre qu’il s’agit de constructions et d’apprentissages sociaux qui les mènent à cette surconsommation.
Pourquoi un relâchement est-il constaté ?
Comme nous l’avons dit, depuis la fin du confinement, nous avons pu constater qu’un certain relâchement a vu le jour. En effet, les populations respectent moins les gestes barrières, et portent de moins en moins de masques. Mais pourquoi ce relâchement, alors que les populations ont réussi à respecter les différentes injonctions pendant une longue période.
Selon beaucoup de personnes, ce relâchement est justement dû au fait que les habitants ont respecté les règles pendant trop longtemps avec le confinement. De plus, ils avaient associé la maladie au confinement, donc dans beaucoup d’esprits, il est possible que le déconfinement soit synonyme de la fin de la pandémie, ou en tout cas de la très forte diminution des risques. Ils se sentent donc moins exposés au danger. De plus, la vie est en train de reprendre son cours, et le risque d’infection est devenu un risque avec lequel les gens composent, qu’ils soupèsent, pour prendre leurs décisions. Les gens ne sont plus concentrés sur le risque que représente le virus, mais ils composent maintenant avec d’autres risques, qui recommencent à prendre leur place. Par exemple, nous avons constaté que les personnes qui avaient tendance à ne pas respecter les gestes barrière sont celles qui ont les plus grandes difficultés financières, et qui sont donc dans l’obligation de retourner travailler. Ainsi, ils mettent dans la balance les risques de la maladie, et les risques concernant leur situation financière, et finissent par prendre une décision. Ainsi, certaines peurs prennent le dessus. Un certain nombre de personnes a arrêté de se soumettre aux gestes barrière, par peur de perdre son emploi, de perdre ses amis, de ne plus assez voir ses proches et donc de déprimer, etc. Ce dernier élément est d’autant plus vrai pour les personnes vulnérables, c’est-à-dire les personnes âgées qui ont été beaucoup isolées pour éviter au maximum les risques.
De plus, la génération des plus jeunes est celle qui risque le moins les conséquences de la maladie, mais qui risque en revanche le plus de subir les conséquences de la crise financière entraînée par cette pandémie et ce confinement. Ce qui peut donc aussi expliquer les comportements, qui visent à rétablir la situation au plus vite, quitte à prendre des risques. Il y a donc ce que l’on appelle un arbitrage intergénérationnel. Ajoutez à cela le fait que le confinement a été plus difficile pour les jeunes, et vous obtenez une bonne explication à ce relâchement que beaucoup de monde dénonce actuellement. Mais de manière générale, les pouvoirs publics ont tendance à encourager le retour à la normale, et la reprise des activités. Ce retour à la normale serait bon pour les habitants, et bon pour l’économie. Mais il ne faut pas pour autant en oublier les mesures de distanciation sociale.
Le rapport à la maladie a-t-il évolué ?
En effet, nous pouvons dire que notre rapport à la santé a changé avec cette épidémie. Par exemple, l’institut national du cancer a mené une étude qui a montré que 76% des habitants interrogés ont déclaré qu’après cette pandémie, ils feront plus attention à leur santé. C’est donc une chose assez positive que tout le monde soit plus à cheval sur les mesures sanitaires, les gestes préventifs, et leur santé. Mais malheureusement, pour beaucoup, c’est le genre de sentiment qui ne durera pas longtemps, et qui finira par disparaître après un certain temps.
Mais il est aussi possible que cette pandémie entraîne l’effet inverse de ce que l’institut a pensé après cette enquête. En effet, les populations ont soudainement vu leur vie devenir très angoissante, et alors qu’ils pensaient avoir toute une vie normale, avec une durée de vie assez grande, soudainement ils ont dû s’enfermer chez eux avec le sentiment qu’une maladie mortelle les attendait derrière leur porte. Ainsi, maintenant qu’ils recommencent à avoir une vie normale, les jeunes peuvent aussi se dire que de toute manière, il ne sert à rien de prendre soin de sa santé puisqu’il est possible qu’une maladie mortelle les tue alors soudainement. Cela peut donc les pousser à prendre encore plus de risque pour leur santé qu’ils ne le faisaient avant, ce qui serait assez dramatique.
Il ne faut donc pas forcément partir du principe que tout le monde prendra encore plus soin de sa santé maintenant que la pandémie est finie.
Et en ce qui concerne le vaccin ?
Pour ce qui est d’un éventuel vaccin qui pourrait permettre de nous protéger contre le coronavirus, notre enquête nous a permis de comprendre que la plupart des gens sont assez optimistes, et qu’ils seraient prêts à se vacciner. Mais il reste tout de même un quart des Français qui refusent de se faire vacciner, ayant des doutes envers l’efficacité du vaccin, et les risques potentiels de ce dernier.
La plupart du temps, il y a une certaine méfiance de la part du public vis-à-vis des vaccins, mais les experts en vaccination disent que la plupart du temps, les sceptiques sont très peu nombreux, et une grande partie des habitants voient les vaccins de manière optimiste, car ces derniers ont permis de faire disparaître un certain nombre de maladies. Mais d’un autre côté, le fait que toutes ces maladies aient disparu nous empêche de bien comprendre à quel point elles ont pu être dangereuses à une époque, ce qui fait que petit à petit, les sceptiques sont de plus en plus nombreux concernant les nouveaux vaccins.
De plus, les gens ont tendance à se méfier du vaccin contre le coronavirus encore plus, car ce dernier doit être conçu dans l’urgence, ce qui laisse penser aux gens que ce n’est pas un vaccin qui a été suffisamment développé. De plus, les industries pharmaceutiques ne suscitent plus beaucoup de confiance au sein de la population.
Pour finir, il y a aussi une certaine méfiance vis-à-vis de la science en ce moment, qui est de plus en plus fort. Tout ceci explique donc l’attitude d’une grande partie des Français face à la vaccination.