Le coronavirus, avant de devenir la pandémie qu’elle est aujourd’hui se présentait aux yeux du monde, la Suisse y compris, comme un mal qui ne concernait que la Chine.
Il était toutefois difficile de ne pas être ému en voyant la manière dont les familles et les communautés qui ont vécu cette tragédie ont dû faire preuve d’abnégation et de privation tout en pleurant leurs morts. On imaginait aisément ce sentiment d’oppression et d’incertitude, surtout pour ces personnes isolées.
Autant la situation a commencé à être sous contrôle en Chine, autant le coronavirus a fait sa sortie en grande pompe dans le reste du monde. Pour l’Europe, on a la France, l’Italie, autant de pays qui ont été frappés de plein fouet et qui partagent leur frontière avec la Suisse !
La peur collective était dès lors palpable et les choses ont commencé à être graves ce jour où arrivant au bureau, à Genève, notre petite structure d’une dizaine de personnes a décidé de mener sa réunion de crise dans la cour, avec l’espoir que l’air qui circule empêche la contamination.
On était à la deuxième moitié du mois de mars et notre patron a décidé, peut-être un peu plus tôt que les autres que le travail allait se faire à distance jusqu’à nouvel ordre. On a mis une heure pour tout mettre en ordre et pour emmener les dossiers, chacun dans sa voiture. Je n’ai plus revu mes collègues en tête à tête depuis ce jour.
La Suisse a géré la situation du Covid-19 avec calme
Calme, voilà le mot qui pourrait résumer la manière avec laquelle la situation a été prise en main en Suisse lorsqu’on suit – presque tous les jours – les déclarations et les mesures prises par le Conseil fédéral.
Bien entendu, on sentait bien la peur et le sentiment de panique qui ont pris la population et ce, à travers le papier hygiénique en rupture de stock même dans le plus grand centre commercial de la Suisse romande ! Avec lui sont aussi partis les produits de désinfection des mains, les pâtes, les conserves…
Curieusement, moi qui ai aussi l’habitude de faire mes courses en France voisine, la panique a pris les Suisses certes, mais dans une moindre mesure par rapport à la France, car à l’époque, cela faisait déjà deux semaines voire plus que l’on faisait la queue pendant des heures aux caisses des supermarchés des villes frontalières avec la Suisse.
Heureusement, cette panique collective s’est résorbée petit à petit. Quelques semaines après le début du confinement, un confinement qui est resté partiel et non aussi drastique qu’en France, les produits de certains rayons partaient toujours aussi vite, mais le stock était vite renouvelé.
Cela vient sans doute de l’influence des autorités qui se sont montrées compétentes et fermes à la fois sans aller jusqu’à bouleverser complètement notre quotidien.
Je ne peux que sourire à chaque fois que je vais au rayon des fruits en voyant l’écriture qui m’invite à être solidaire et à en laisser aussi pour les autres. Gare donc à celui qui ramasse des kilos de pommes ou encore qui prend toutes les bananes !
Aujourd’hui encore, le déconfinement se fait de manière progressive, mais avec prudence comme le dit si bien la publicité : aussi vite que possible, aussi lentement que nécessaire.
Le coronavirus a bouleversé le quotidien des Suisses
Lorsque les Suisses vont en grande surface pour faire leurs courses, ils le font désormais suivant un protocole strict.
Du gel hydroalcoolique est mis à leur disposition, la distance de 2 mètres, puis d’1 mètre entre les personnes doit être respectée, les caddys sont désinfectés, ils doivent respecter les marquages au sol lorsqu’ils passent à la caisse, ils doivent désormais discuter avec leurs caissiers ou caissières favoris à travers un plexiglas, la carte de crédit et le paiement par Smartphone sont plus que jamais préférés au paiement en espèces.
Il ne s’agit là que de quelques détails de ce qui fait désormais notre quotidien. Ces précautions ne sont certes pas difficiles à respecter, mais elles se sont immiscées dans nos vies à tel point qu’on oublierait presque le monde d’avant.
Si se prendre la main et embrasser constituaient les signes d’amitié, d’amour et d’estime réciproque d’autrefois, la distance, le port de masque et de gants se veulent désormais être le témoignage du respect que l’on a pour son entourage.
Les plus éduqués essayent tant bien que mal de sourire face à la distance qu’ils s’obligent à instaurer avec le autres, sans doute pour faire comprendre d’un signe du visage que s’éloigner subitement ou ne pas prendre la main n’est pas ici synonyme d’aversion ou de méfiance, mais tout simplement de protection réciproque les uns des autres.
Ce sont certainement les jeunes et les personnes qui vivent isolées qui subissent le plus le contrecoup du confinement. Les premiers ont l’impression d’être en période indéterminée de punition à force de rester à la maison, entre quatre murs, privés de leurs amis et de leur vie sociale, les seconds perdent le peu de personnes qui remplissent leur quotidien et qui brisent le silence de leur lieu de vie.
Enfin, les personnes âgées ne doivent pas être oubliées, car c’est parmi elles que le coronavirus a le plus pris ses victimes. Celles que je rencontre de loin me font penser qu’ils ont déjà tout vécu et qu’une pandémie de plus ou de moins ne changerait rien à leur combattivité.
C’est surtout la peine du fils, de la fille ou des petits enfants face à la perte de ces êtres chers qui désole le plus et qui amène à dire que cette maladie relève d’une injustice et d’une cruauté totales !
Le coronavirus sous une perspective sociale et économique
En Suisse comme partout ailleurs, on remet à sa juste place le caractère valeureux de certains métiers et on soutient le courage de ceux et celles qui continuent à servir notre société lorsque le reste de la population est en sécurité et profite du nid douillet de son chez soi.
Il s’agit ici des personnes qui travaillent pour nous nourrir, celles qui assurent le ramassage de nos poubelles et le traitement de nos déchets, mais aussi et surtout le personnel médical dont le dévouement a été tout simplement crucial pour nous faire sortir de cette crise.
Il y a sans doute une autre catégorie de personnes qu’il ne faut pas oublier de remercier. Il s’agit de notre facteur. Le confinement aura été une période de privation à de nombreux égards, mais le fait que les achats en ligne ont pu se maintenir nous a permis de tenir bon. Pour ma part, j’ai beaucoup fait travaillé le livreur de la poste qui opère dans mon quartier, car jamais mes achats en ligne n’auront été aussi fréquents.
J’essaie dès lors de lui montrer à chaque livraison, de loin bien entendu, toute ma reconnaissance, car il aura égayé ma vie à la maison depuis qu’on ne peut plus faire les magasins tranquillement comme autrefois.
Si le coronavirus nous a appris quelque chose de vital, c’est bien que le travail des petites mains est tout aussi valeureux que le travail intellectuel et mérite de ce fait plus de reconnaissance. Il reste à attendre que cette prise de conscience se concrétise de manière plus palpable.
Sur le plan économique, le bilan sera certainement catastrophique pour de nombreuses entreprises, mais là encore, l’intervention des Autorités peut et doit permettre une reprise sereine des activités.
On dit que la Suisse coûte chère et ce n’est pas faux, mais elle est aussi solidaire dans les moments difficiles. A titre d’illustration, l’opérateur de transport CFF a étendu de quelques mois la durée d’engagement des usagers détenteurs d’abonnement longue durée et ce, pour compenser le fait qu’ils n’ont pas eu à utiliser les transports durant une longue période.
Les engagements de ce genre se multiplient et montrent bien la conscience que nous avons tous des difficultés sur le plan social et économique et que le coronavirus ne doit pas remettre en cause nos valeurs les plus louables.
Au final, le coronavirus n’aura pas tout détruit. Il a mis à mal notre société et notre mode de vie, mais il a remis en perspective bien des choses.
Les incertitudes planent encore sur la suite des évènements. Espérons tout simplement qu’à défaut de trouver le remède à ce fichu virus, on disposera bientôt d’un vaccin efficace. Avec un peu de chance et de conviction, nous aurons un été digne de ce nom.
PS : la personne qui a écrit ce texte préfère rester anonyme.