Le risque de développer un méningiome est élevé chez 400.000 femmes au moins et la majorité ne présente pas de tumeur grave. Ce jeudi, l’agence du Médicament (ANSM) lance une alerte sur des risques de tumeurs cérébrales que portent certains médicaments progestatifs. La mise en garde porte sur le Lutényl (acélate de nomégestrol) et le Lutéran (acélate de chlormadinone). La confirmation est donnée après une large étude épidémiologique sur ces traitements servant à prendre en charge des patientes atteintes d’endométriose, de ménopause et de troubles menstruels.
Jean-Michel Race, directeur des médicaments d’endocrinologie et gynécologie à l’ANSM affirme que « Les fortes doses et un traitement sur une longue durée accroissent le risque ». En 2019, plus de 400.000 femmes suivaient ce traitement.
Une tumeur des enveloppes du cerveau
Défini comme la tumeur des enveloppes du cerveau, le méningiome ne présente pas de forme grave dans la plupart des cas. L’étude révèle que les femmes qui ne prennent pas les molécules telles que l’acélate de nomégestrol ou de chlormadinone sont moins à risque de développer la tumeur contrairement à celles qui prennent ces médicaments. Le risque de développement du méningiome chez ces dernières est 3,3 fois plus grand avec le Lutényl et 3,4 fois plus grand avec le Lutéran.
Lorsque le traitement à l’aide du Lutéran dure plus de 3 ans et demi, le risque de développement de la tumeur est 7 fois plus grand et 12,5 fois plus grand pour un traitement par l’acélate de nomégestrol quand ce dernier atteint 5 ans. En outre, plus l’âge augmente, plus le risque de méningiome pouvant aboutir à une chirurgie intracrânienne se fait plus grand. Il est multiplié par 3 chez les femmes ayant entre 35 et 44 ans, contrairement à celles dont l’âge va de 25 à 34 ans.
Une étude sur 3,3 millions de patientes au total
En février 2019, l’ANSM annonçait une analyse épidémiologique pour jauger de la gravité d’une tumeur des enveloppes du cerveau, un méningiome dont les risques pourraient probablement augmenter.
L’examen effectué par Epi-phare (organisme regroupant l’Assurance Maladie et l’ANSM) certifie la présence des risques. Elle est basée sur 1,8 et 1,5 millions de femmes ayant pris l’un ou l’autre des médicaments sur une période allant du 1er janvier 2007 au 31 décembre 2018 et figurant dans les données nationales de paiement de l’assurance maladie.
La prescription de ces molécules est dès maintenant déconseillée dans le cas où la patiente souffre ou a souffert de tumeurs cérébrales. Si le méningiome est diagnostiqué, alors la médication doit automatiquement prendre fin.
Une réunion publique en automne 2020
L’Agence des médicaments suggère essentiellement de porter l’information aux patientes sur le risque et invite ces dernières à se rendre chez un médecin. L’ANSM recommande une imagerie cérébrale par IRM pour les femmes de plus de 35 ans quand il s’agit d’un traitement d’au moins 5 ans. Elle rappelle que l’authenticité du traitement doit être réexaminée, sa durée bien définie, et la dose doit être fixée au strict minimum pour son efficacité.
La France ne sera plus le lieu de commercialisation du Lutéran du laboratoire Sanofi. Ce médicament et ses pairs servent pourtant toujours à traiter les tensions mammaires et les syndromes prémenstruels. Ce sera justement l’un des points à l’ordre du jour de la concertation publique qui se tiendra en Automne entre les professionnels et associations de patients. Cette rencontre vise à revisiter l’opportunité des prescriptions en rapport avec le danger.