Le Coronavirus ou Covid-19 ! Un terme à la mode qui nous laissait indifférents il y a encore quelques mois, mais qui aujourd’hui a totalement bouleversé la vie de nombreux Camerounais.
Lorsque la situation s’est dégradée en Chine et en Europe, pour la plupart, nous suivons cela dans l’actualité d’une oreille distraite avec quelques soupirs de compassion.
La situation au Cameroun est devenue alarmante lorsque des personnes résidant en Europe ont cherché à revenir au Cameroun pour y fuir le confinement. Nous étions alors au début du mois de Mars, et le Gouvernement a dû prendre des mesures pour contenir une éventuelle propagation.
Ainsi, le 17 Mars, une circulaire du Premier Ministre imposait des mesures de prévention contre la propagation du virus, certes pas drastiques comme celles imposées en Europe, mais suffisamment fortes pour déstabiliser le quotidien de nombreuses personnes.
Personnellement, je travaillais en freelance sur des projets web à partir de chez moi. Je ne sortais donc que pour le strict nécessaire comme me rendre à l’église ou faire des courses. Le reste du temps, j’avais les yeux plongés dans mon écran d’ordinateur. Une chanteuse populaire ici au Cameroun avait chanté « à quelque chose malheur est bon ». Cela s’est plutôt bien appliqué à moi étant donné que j’ai eu plus de sollicitations que par le passé sur le web, au point où j’ai été obligé de recruter. Cette initiative permet à mon sens d’aider d’autres jeunes qui se tournaient les pouces étant donné que les universités ont été fermées. En même temps, je ne pouvais pas recruter tout le monde.
Au Cameroun, les premiers cas de Coronavirus ont été signalés à Yaoundé, la Capitale du pays et presque dans la foulée, on entendait dire qu’il y avait un mort. Dans les autres villes du pays, aucune alerte n’avait été donnée et chacun vaquait normalement à ses occupations jusqu’à ce que les cas d’infection grimpent dans la Capitale et que le Gouvernement prenne certaines mesures.
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La limitation des regroupements de personnes, principale mesure face au Covid-19
L’une des mesures principales qui a été prise a été la limitation des regroupements de personnes à 50 maximum. Il y avait aussi entre autres les mesures sanitaires comme se laver les mains, éternuer ou tousser dans le coude, etc., bref, une copie parfaite de ce qui se disait déjà sous d’autres cieux.
Mais chose curieuse, dans les services publics et dans les institutions privées, les gens continuaient à vaquer normalement à leurs occupations. C’est lorsque l’annonce de la fermeture des écoles et établissements de l’enseignement supérieur que le quotidien de nombreuses personnes a changé du jour au lendemain.
Par exemple, dans la capitale économique du pays, Douala, de nombreuses activités commerciales se déroulent autour de l’Université. Avec l’arrêt forcé des cours, de nombreuses activités ont dû cesser et la zone tout autour des campus est devenue moins fréquentée. Il n’était plus permis de voir certains regroupements et cela a fini par se répercuter sur les églises.
Avec une population fortement chrétienne, les autorités religieuses, principalement de l’Eglise Catholique qui est très influente dans le pays, ont pris du temps pour durcir les mesures, surtout que nous étions à quelques jours des fêtes pascales. Ce que beaucoup redoutaient a donc fini par se produire à savoir l’interdiction faite aux fidèles de se rendre dans les églises pour prier ou y mener des activités paroissiales, chacun étant invité à rester chez soi pour y prier. C’était vraiment inédit de voir les églises vides à cette période de l’année où elles sont généralement assiégées de monde.
L’impact de la pandémie sur le plan social et médical
Au niveau social, les mesures restrictives et les chiffres de plus en plus grandissants des cas de contamination ont créé une certaine distanciation sociale, sans que l’on ait eu véritablement besoin de l’imposer. Du jour au lendemain, les gens étaient réticents à se saluer, à s’agglutiner dans les taxis et autres transports en communs, et même à se rendre visite. L’incertitude sur le nombre exact des cas déclarés de Covid-19 a laissé place à la crainte de lendemains difficiles, avec des rumeurs circulant sur l’éventualité d’un confinement général. Dès lors, les gens se sont rués dans les magasins et les supermarchés pour faire des provisions. L’on a assisté à des files interminables mais dans la foulée, le Gouvernement annonçait qu’il n’y aurait pas de confinement général.
La plupart des manifestations publiques, sinon toutes ont été annulées. Des événements comme le CHAN (Championnat d’Afrique des Nations de football), que le Cameroun devait abriter, ont été reportés. Même dans les transports interurbains, le nombre de passagers a été limité. Ce qui a provoqué une grogne des transporteurs qui demandaient la réduction du prix du carburant pour compenser ce manque à gagner.
Sur le plan sanitaire, l’on a assisté à une augmentation des patients dans les hôpitaux principalement pour se faire consulter. Les pharmacies ont été prises d’assaut par des gens qui voulaient prévenir tout risque d’infection ou qui présentaient des symptômes grippaux. Certains hôpitaux ont été réquisitionnés par les autorités administratives et érigés en centres spéciaux pour la prise en charge des cas de Covid-19. Les patients souffrant d’autres maladies étaient donc redirigés vers d’autres unités sanitaires.
On a aussi assisté à une prolifération des recettes médicinales en tous genres qui se vantaient de prémunir contre la maladie. Chacun y allant de sa propre composition et malgré les mises en garde des autorités, les gens ont continué à rechercher activement du citron et de l’ail pour concocter leurs propres décoctions. A ce jour, il y a tout de même une lueur d’espoir avec une solution naturelle faite à base d’herbes concoctée par l’Archevêque Métropolitain de Douala, Mgr Samuel KLEDA, qui fait l’unanimité et qui a été prouvée comme soignant cette maladie. En plus de sa charge pastorale, il a longtemps étudié les plantes et leurs vertus curatives. Aujourd’hui, il propose cette solution gratuitement et les résultats sont très probants.
Une économie à deux visages qui tourne au ralenti
Il faut savoir qu’au Cameroun, le secteur informel constitue une grande partie de l’activité économique à côté des industries, d’où cette allusion à une économie à deux visages. Si les grandes entreprises ont dû compresser les effectifs et imposer des systèmes de rotation du personnel pour limiter l’affluence dans les bureaux, les gens des petits métiers n’entendaient pas cesser leur activité quelles que soient les mesures. Les étalages des marchés sont donc restés ouverts comme d’ordinaire même si les clients se sont faits rares.
Dans un premier temps, les autorités avaient imposé l’heure de fermeture des marchés à 16h. Ensuite, cette mesure s’est étendue à tous les commerces, débits de boisson, supermarchés, Night Clubs, avec obligation de fermeture à 18h. L’économie en a pris un gros coup surtout dans la cité capitale économique où les sociétés brassicoles sont fortement implantées et dont les produits s’écoulent beaucoup plus dès la tombée de la nuit.
Une mesure restrictive qui a été levée au bout de 3 semaines pour essayer de relancer l’économie, avec des mesures d’assouplissement au niveau des taxes et redevances sur la période de Mars à Juin.
Vers un retour à la normale dès l’été 2020 ?
Actuellement au Cameroun, nous en sommes à plus de 3000 cas confirmés et près de 150 décès selon les sources officielles. A côté de cela, il y a tout de même près de 1500 guérisons. Pour beaucoup de Camerounais, ces chiffres ne les inquiètent pas davantage que les problèmes qu’ils doivent affronter au quotidien notamment les questions d’emploi, de santé et de nutrition.
Certains semblent même ignorer cette pandémie car malgré les sanctions encourues en cas de non port de masque, il y ‘en a qui s’obstinent à ne pas le porter. Les raisons sont diverses : difficultés à respirer, manque d’argent entre autres. Une bonne partie de la population s’en est tout de même procurée surtout que les opportunistes ont sauté sur l’occasion pour se lancer dans la fabrication des masques en tissus. On en trouve donc de toutes les formes et couleurs.
Au fond, la situation au Cameroun est assez mitigée, entre ceux qui prennent vraiment à cœur cette crise et ceux qui ne s’en soucient pas plus que de gagner leur pain quotidien. Le Gouvernement ayant annoncé la reprise progressive des classes pour le 1er Juin 2020, tout porte à croire, malgré les cas de contamination sans cesse croissants, que les choses vont revenir petit à petit à la normale, même si rien ne sera plus comme avant.
Déjà, les Universités ont repris les cours mais en ligne uniquement. Les fréquentations dans les églises et les regroupements reprennent timidement et par endroits, comme dans une optique de préparation à la sortie des mesures restrictives en cours. J’ai le sentiment que d’ici peu, cette situation ne sera plus qu’un lointain souvenir même si elle va laisser des traces.