Coronavirus au Venezuela, une vue de l’intérieur.
Lorsque le directeur de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a annoncé le 30 janvier 2020 que l’épidémie de Covid-19 était une urgence sanitaire de portée internationale, la probabilité que Covid-19 atteigne le Venezuela était de 0,01% selon la plateforme internationale Epirisk. Mais malgré cela, le 13 mars, les deux premiers cas dans le pays étaient annoncés, il s’agissait d’une femme de 41 ans qui avait voyagé aux États-Unis, en Italie et en Espagne et d’un homme de 52 ans qui était allé en Espagne. Ce qui a entraîné le début de la quarantaine nationale depuis le 16 mars, l’utilisation de masques faciaux dans les lieux publics et la suspension des activités dans les écoles, les centres culturels, les commerces et les entreprises qui n’étaient pas liés au domaine de la santé ou de l’alimentation, tous les vols ont été suspendus et les frontières ont été fermées pour empêcher l’entrée d’un plus grand nombre de personnes infectées dans le pays.
La crise économique que le Venezuela a vécu depuis quelques années a provoqué une détérioration significative de la qualité de vie dans le pays et, par conséquent, également des conditions sanitaires défavorables, qui vont du manque de lits pour accueillir les patients, aux défaillances de l’infrastructure de ses hôpitaux publics, en passant par un accès médiocre et irrégulier aux fournitures médicales et aux médicaments, et au petit nombre de personnel médical en raison des bas salaires qui leur sont offerts. Le pays n’était donc pas du tout préparé à une situation de cette ampleur.
En plus de la pandémie mondiale, nous sommes confrontés en ce moment même à une propagation de maladies qui ont déjà été éliminées par le passé, comme le paludisme, la diphtérie et la rougeole. La situation de la santé publique au Venezuela a suscité l’inquiétude de nombreuses personnes, dont le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.
Malgré le fait que 46 grands hôpitaux ont été aménagés dans tout le pays pour traiter les cas, tous les centres médicaux ne disposent pas des fournitures ou des capacités nécessaires pour s’occuper de la population touchée. Le personnel médical et infirmier a déclaré qu’il n’y a pratiquement pas de savon ou de désinfectant dans leurs cliniques et hôpitaux.
La situation des Vénézuéliens à l’étranger n’est pas très favorable non plus, lorsque le 12 mars, Nicolás Maduro a ordonné l’interdiction de tous les vols en provenance d’Europe, de Colombie, de République dominicaine, du Panama et la fermeture des frontières, afin d’empêcher la propagation du Covid-19, ce qui a commencé à l’époque un cauchemar pour beaucoup de Vénézuéliens qui étaient sur le point de rentrer au pays, ce qui a fait que beaucoup se sont retrouvés bloqués à l’extérieur du Venezuela, sans maison et sans travail pour subvenir à leurs besoins. Très peu ont pu rentrer au pays, grâce à des vols ou des bus humanitaires, les autres n’ont plus qu’à attendre la levée de la quarantaine sans aucun espoir que cela se produise bientôt.
Le ministère vénézuélien de la communication et de l’information n’a pas encore annoncé s’il a prévu des mesures pour aider les milliers de Vénézuéliens qui se trouvent dans d’autres pays, avec l’incertitude de savoir quand ils pourront rentrer.
L’effondrement du système de santé et la disponibilité insuffisante de tests fiables pour détecter les cas de Covid-19 aggravent la situation au Venezuela et génèrent des conditions qui donnent lieu à un nouvel exode de migrants et de réfugiés vénézuéliens.
Avec la hausse de l’inflation et la dévaluation des salaires, il devient de plus en plus difficile d’acheter de quoi vivre. Il est fréquent que les coupures d’eau touchent les hôpitaux de Caracas, la capitale du Venezuela. Dans certains hôpitaux des régions reculées, les coupures d’eau ont duré des semaines et, dans certains cas, même des mois. Les patients et le personnel de santé sont obligés d’apporter leur propre eau pour boire, pour se laver les mains avant et après les procédures médicales, pour nettoyer les fournitures et les installations chirurgicales, et parfois même pour tirer la chasse d’eau des toilettes.
La pénurie de carburant et le manque d’argent liquide dû à la cessation des fonctions des banques font qu’il est de plus en plus difficile pour le personnel médical et les patients de se rendre dans les hôpitaux et les centres de santé, et pour la nourriture d’atteindre ceux qui en ont besoin.
Tout cela pourrait détériorer davantage les soins médicaux au Venezuela. Actuellement, au 26 mai 2020, il y a un total de 1 121 cas confirmés de Covid-19 et 10 décès au Venezuela, bien que le nombre réel soit sûrement beaucoup plus élevé en raison de la disponibilité limitée de tests de qualité et fiables pour détecter la présence du virus.
La courbe d’évolution des cas de coronavirus au Venezuela ne ressemble à aucune autre en Amérique latine ; elle est rectiligne, avec des jours où aucun cas n’est signalé. Les épidémiologistes disent que c’est atypique. En raison de cette croissance linéaire atypique, l’Académie vénézuélienne des sciences physiques, mathématiques et naturelles a averti dans un communiqué du 2 avril, lorsque le gouvernement de Nicolás Maduro a signalé 143 cas, que la courbe de rassemblement des cas confirmés suggère une augmentation linéaire du nombre de cas accumulés, un schéma qui n’est pas normal pour la phase initiale de l’épidémie de Covid-19.
Une autre préoccupation des spécialistes concernant les mesures prises au Venezuela, est l’obligation d’isolement hospitalier de toute personne présentant des symptômes, sous l’argument d’éviter les infections entre les familles. C’est ce qui a été fait avec les voyageurs, infectés ou non, qui sont revenus sur des vols humanitaires et ont traversé la frontière avec la Colombie.
Cette mesure peut amener les gens à renoncer au diagnostic dans les cas bénins ou asymptomatiques, qui sont majoritaires, en raison de la menace d’une hospitalisation forcée qui implique une congestion inutile du fragile système de santé vénézuélien, qui, selon le gouvernement, compte 23 000 lits et 1 200 places de soins intensifs, des chiffres que les organisations médicales remettent en question et soulignent comme insuffisants.
En prenant note de tout cela, on peut conclure que la seule chose que les Vénézuéliens peuvent faire maintenant est de retourner à l’incertitude, sans vraiment savoir à quoi s’attendre. Le pays est confronté à de grandes difficultés.
Article original
Coronavirus in Venezuela, an inside view
When the WHO (World Health Organization) director announced on January 30, 2020 that the Covid-19 outbreak was a health emergency of international concern, the probability of Covid-19 reaching Venezuela was 0.01% according to the international Epirisk platform.
But, despite this, on March 13 the first two cases in the country were being announced, it was a 41-year-old woman who had traveled in the United States, Italy and Spain and a 52-year-old man who traveled to Spain. Which led to the start of the national quarantine since March 16, the use of face masks in public areas and the suspension of activities in schools, cultural centers, businesses and companies that weren’t linked to the area of health or groceries, all flights were suspended and borders were closed to prevent more infected people from entering the country.
The economic crisis that Venezuela has presented for a couple of years has caused a significant deterioration in the quality of life in the country and, therefore, also in sanitary conditions, which go from a shortage of beds to accommodate patients, failures in the infrastructure of its public hospitals, poor and irregular access to medical supplies and medicines, even the small number of medical personnel due to the low salaries offered to them. So the country wasn’t prepared at all for a situation of this magnitude.
In addition to the worldwide pandemic, we’re facing right now; Venezuela faces a spread of diseases that have been eliminated in the past, such as malaria, diphtheria, and measles. The public health scenery in Venezuela raised the concern of many, including the UN High Commissioner for Human Rights, Michelle Bachelet.
Despite the fact that 46 large hospitals were arranged throughout the country to attend cases, not all the medical centers have the supplies or the required capacity to deal with the affected population. Medical and nursing staff have said that there is practically no soap or disinfectant in their clinics and hospitals.
The situation of Venezuelans abroad is not very favorable either, when on March 12 Nicolás Maduro ordered the prohibition of entry of all flights from Europe, Colombia, Dominican Republic, Panama and the closure of the borders, to prevent the spread of the Covid-19, at that time began a nightmare for a lot of Venezuelans who were about to return to the country, this has caused many to be stranded outside Venezuela, without a home and without a work to sustain themselves. Very few have been able to return to the country, thanks to humanitarian flights or buses, others just have to wait for the quarantine to be lifted without any hope for that happening soon.
The Venezuelan Ministry of Communication and Information hasn’t yet announced if they have any measures planned to assist the thousands of Venezuelans who are in other nations, with the uncertainty of when they will be able to return.
The collapse of the health system and the insufficient availability of reliable tests to detect cases of Covid-19 aggravate the panorama in Venezuela and generate conditions that give a rise to a new exodus of Venezuelan migrants and refugees.
With rising inflation and devaluation of wages, it’s becoming increasingly difficult to purchase your own inputs. It’s common for water cuts to affect hospitals in Caracas, the capital of Venezuela. In some hospitals in remote areas, the water cuts have lasted weeks and, in some cases, have even lasted months.
Patients and healthcare personnel are forced to bring their own water, to drink, to wash their hands before and after medical procedures, to clean both surgical supplies and facilities, and sometimes even to flush the toilets.
The shortage of fuel and the lack of cash due to the cessation of functions of banks make it increasingly difficult for medical personnel and patients to go to hospitals and health centers, and for food to reach those who need it.
All of this could further deteriorate Venezuela’s medical care. At the moment, in May 26, 2020, there are a total of 1,121 confirmed cases of Covid-19 and 10 deaths in Venezuela, although the real number is surely much higher due to the limited availability of quality and reliable tests to detect the presence of the virus.
The curve of evolution of coronavirus cases in Venezuela is unlike any other in Latin America; it’s rectilinear, with days when no cases are reported at all. Epidemiologists say it’s atypical. Due to this atypical linear growth, the Venezuelan Academy of Physical, Mathematical and Natural Sciences warned in a statement on April 2, when the Government of Nicolás Maduro reported 143 cases, that the gathering curve of confirmed cases suggests a linear increase in the number of cases accumulated, a pattern that isn’t normal for the initial phase of the Covid-19 epidemics.
Another concern that specialists have about the measures taken in Venezuela, is the obligation of hospital isolation of everyone who has symptoms, under the argument of avoiding infections between families. This is what has been done with travelers, infected or not, who have returned on humanitarian flights and across the border with Colombia.
This measure can cause people to evade the diagnosis due to the threat of forced hospitalization in mild or asymptomatic cases, which are the majority, as well as implying unnecessary congestion in the fragile Venezuelan health system, which according to the Government has 23,000 beds and 1,200 intensive care places, numbers that medical organizations question about and point out as insufficient.
Taking note of all this, it can be concluded that the only thing Venezuelans can do now is return to uncertainty, without really knowing what to expect. The country faces great difficulty.