Si on nous avait dit au début de l’année que nous serions confinés pendant des mois, on n’y aurait pas cru. Et pourtant, les Philippines font face au premier décès lié au covid-19 en dehors de la Chine, le 01 février 2020. Les vols venant de, et allant vers la Chine et la Corée du Sud sont rapidement suspendus.
Pendant les semaines qui suivent, le nombre de cas continue d’augmenter. Au 14 mars, on enregistre 100 cas en tout dans le pays, soit une augmentation de plus de 90 % en l’espace d’une semaine. Le pays se retrouve alors dans un état d’urgence sanitaire.
Le 16 mars 2020, le président de la République Rodrigo Duterte annonce la fermeture de Luzon, l’île principale du pays abritant 50 millions d’habitants, soit la moitié de la population totale des Philippines. Par ailleurs, toutes les autres îles et provinces ayant plus de 2 cas de coronavirus sont également fermées et confinées. Tous les moyens de transports ainsi que tous les déplacements, même à pied, sont bloqués, et chaque individu est tenu de rester chez lui.
À l’heure actuelle, le confinement est toujours en vigueur dans la majeure partie du pays, mais les règles sont devenues moins strictes.
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Comment s’est passé le confinement aux Philippines ?
Tout le pays est fermé. Plus aucun vol, qu’il soit entrant ou sortant, et qu’il soit national ou international. Tous les transports maritimes et terrestres sont également bloqués. Il a été annoncé un confinement d’une durée d’un mois, soit jusqu’au 14 avril.
Toutes les îles (plus de 2 000 îles sont habitées aux Philippines) du pays sont fermées et n’ont plus de transport maritime ou aérien entrant et sortant. Certaines sont en plus confinées, c’est-à-dire que les mouvements à l’intérieur sont restreintes. En effet, les régions n’ayant aucun cas constaté ont été épargnées par le confinement, tandis que d’autres régions subissent de plein fouet les conséquences de l’isolement et peuvent sortir uniquement pour deux raisons : acheter des médicaments et acheter de quoi manger.
Aucun moyen d’échapper au confinement dans le pays. Disposant d’une équipe militaire très importante, toutes les frontières des différentes régions sont rapidement sous surveillance militaire et des rondes policières se font partout dans le pays. Le personnel médical et le transport de produits de première nécessité sont les seuls autorisés à la circulation.
Rapidement, une nouvelle organisation prend place. La population devant se nourrir, un individu par foyer est autorisé à sortir deux fois par semaine, à des jours et des heures bien précises, pour s’approvisionner en nourriture. Port de masque obligatoire, papier d’autorisation obligatoire, distanciation sociale, etc., il faut dire que les Philippins ont plutôt été disciplinés.
Les bons et les mauvais côtés du confinement
Le bon côté ?
Au bout de quelques jours de confinement, toutes les villes se sont transformées et une attention particulière se tourne vers la capitale. D’habitude polluée avec un ciel gris permanent, Manille se pare d’un beau ciel bleu, d’un calme inhabituel et d’une pollution inexistante.
Dans la ville de Baguio où je suis, c’est la belle saison. La ville est haute en couleur et il y a des fleurs partout. D’ailleurs, c’est la période de l’année où l’on célèbre le Pangbenba Festival (Festival des fleurs), malheureusement annulé. Avec très peu de gens dans la rue, le spectacle de la nature est magnifique : les oiseaux chantent, les fleurs fleurissent et le ciel est bleu. Un photographe y ferait des photos tout simplement superbes.
Le mauvais côté ?
Tous les commerces, exceptés ceux alimentaires et pharmaceutiques sont fermés. 2.5 millions de Philippins ont perdu leur travail et ceux qui vivaient au jour le jour peinent à joindre les deux bouts. On peut heureusement compter sur beaucoup de solidarité via des dons et quelques associations ayant recueilli les sans-abris le temps du confinement.
On aura été confiné depuis mars et cela durera au moins jusqu’à la fin du mois de mai. Pourtant, la saison haute du tourisme aux Philippines se passe en mars, avril et mai. Autant dire que les établissements hôteliers et tous ceux qui travaillent dans le tourisme ont fait une année blanche … ou noire plutôt.
Côté économique, la région de Luzon (l’île principale) représente 75 % de l’économie nationale, mais c’est aussi la région la plus affectée par le virus et où le confinement est le plus strict. Il est prévu une grande récession pour les Philippines. Par ailleurs, la Chine est le premier partenaire commercial du pays (20 % des exportations aux Philippines) et est l’un des pays les plus impactés par la pandémie. Enfin, 13 % de l’économie du pays vient du tourisme, un secteur impacté à 100 % pendant la pandémie et dont l’avenir est incertain pour les mois à venir.
Beaucoup regrettent le fait qu’on aura été confiné pendant les trois meilleurs mois : beau temps et saison haute touristique. En effet, d’ici juin, la saison des pluies va commencer, et on restera confinés, mais cette fois, ce sera à cause de la pluie.
D’une quarantaine communautaire renforcée à un relâchement crescendo
Le confinement ou la quarantaine communautaire, comme ils le disent ici, a débuté le 16 mars dans la grande majorité du pays. Depuis, le nombre de cas a baissé aux Philippines et la courbe commence à s’aplatir. Tandis que certaines régions sont complètement sorties du confinement, la plupart restent confinés, mais avec des règles devenues plus souples.
Il y a encore quelques jours, seuls les pharmacies, les supermarchés et marchés alimentaires, ainsi que les restaurants offrant des plats à emporter étaient ouverts. Aujourd’hui, les magasins de bricolage sont également ouverts et les travaux de construction sont de nouveau autorisés, cela, en prévision de la saison des pluies qui arrive à grand pas. Le changement se fait petit à petit.
Dans la ville de Baguio où je vis, le Maire annonce d’ici une semaine l’ouverture de magasins supplémentaires, notamment les merceries ainsi que tous ceux qui vendent des matériels électroniques. Enfin, les salariés retournent travailler et les entreprises rouvrent, mais à raison de 50 % de leur capacité au niveau du personnel. Par contre, les établissements scolaires restent fermés.
Les Philippins sont très prudents face à la pandémie du covid-19 et le pays est un des plus stricts au monde quant à la gestion du confinement. À ce jour, on y déplore 15 000 cas dont 3 500 guérisons et 900 décès. La capitale étant la région la plus affectée.