Beaucoup de débats ont eu lieu récemment par rapport à la mise en place de l’application-stop COVID ayant pour but de recenser toutes les personnes souffrant du COVID-19, afin d’essayer de contrôler la contamination et l’évolution de l’épidémie. Et ces débats ont entraîné une certaine inquiétude chez les usagers, à propos de leur vie privée. Le choix entre vie privée et santé s’impose !
Certaines personnes sont pour cette application qui selon eux va permettre de lutter contre la maladie, et est donc une application de santé publique que nous devons tous accepter, tandis que d’autres pensent que cette application est une manière de garder la mainmise sur toutes les informations privées de la population. Mais dans tous les cas, les prises de position que ce soit dans un sens ou dans l’autre sont parfois très virulentes. Et tout cela entraîne une assez grande confusion dans la population. La situation est assez complexe, car tout ce bruit fait autour de ce sujet empêche la plupart des gens de démêler le vrai du faux, et de savoir ce qu’il en est vraiment. Ainsi, l’ignorance pousse certaines personnes à prendre des décisions assez peu réfléchies, et à faire des choix qui ne sont pas vraiment les leurs. De plus, même les personnes bien intentionnées ont tendance à empirer la situation, en essayant de crier plus fort que les autres pour faire passer les bonnes informations, ce qui va finalement contribuer au brouhaha ambiant. Mais en ce moment, à la sortie du confinement, et dans ce contexte de crise sanitaire, nous devons être vigilants, et devons comprendre les choses, afin de ne pas se laisser gagner par la panique, et de pouvoir prendre des décisions éclairées.
Les données à caractère personnel et la maîtrise de ces dernières est un sujet vraiment très complexe. Et pour comprendre tout cela, nous devons comprendre le débat et les enjeux qui en découlent, encore une fois pour agir en considération d’informations véridiques.
La proposition d’anonymiser les données
On a vu fleurir cette réponse à certaines protestations des anti-applications. En effet, il a été dit que l’application ne collecterait pas de données personnelles, et que celles qui seraient prélevées seraient anonymisées. Mais ces affirmations ne semblent pas toujours réalisables. De nombreux professionnels dans les technologies se demandent comment il sera matériellement possible de stocker toutes ces données. En effet, le suivi de contact implique un très grand nombre de données. De plus, il faudra un suivi de toutes les personnes qui sont entrées en contact avec la personne positive, mais aussi toutes celles qui sont entrées en contact avant que la personne soit malade, et après qu’elle l’ait été, car la maladie est transmissible pendant la période d’incubation, et encore quelque temps après la guérison du patient. Cela implique donc de relever un très grand nombre de données, et la gestion de ces dernières représente un très gros enjeu technologique. Et si l’on ajoute à cela l’enjeu de l’anonymisation de toutes les données, cela rend les choses d’autant plus difficiles. En effet, le fait d’anonymiser les données est quelque chose de très complexe à mettre en œuvre. C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart du temps, c’est seulement une « pseudonymisation » qui est mise en place. C’est-à-dire que les données identifiantes comme le nom et le prénom de la personne sont retirées, et remplacées par des pseudo, et les autres informations restent telles qu’elles. Mais cela ne suffit pas, car même sans ces données, avec un certain nombre de recherches, il est possible d’identifier de nouveau la personne se cachant derrière ces pseudos. De plus, en faisant cela, il se peut que l’on se retrouve dans l’incapacité de vérifier les données d’origine, et qu’il soit ainsi très compliqué de contacter les personnes concernées en cas de besoin. Mais ces enjeux sont assez difficiles à comprendre. N’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur le site de la CNIL pour comprendre un peu mieux ce sujet, et en apprendre plus sur le traitement de vos données.
Valeur des données
La plupart du temps, nous avons tendance à penser que nous devons faire une sorte de choix entre vie privée et santé, et que ceux qui souhaitent vraiment prendre soin de leur vie privée le font en dépit de leur santé, et de celle des membres de la société. Mais ce n’est pas une bonne manière de pensée, et cela peut mener à des réactions inappropriées. De plus, cela nous donne l’impression de faire un faux choix entre santé et vie privée, alors que ce choix n’existe pas vraiment. En effet, il est possible de préserver aussi bien sa santé que sa vie privée.
Pour cela il faut bien comprendre le principe et l’utilité de l’application Stop COVID. Ici, l’objectif est de garantir la santé de tous les habitants. Pour cela, il faut s’assurer que les malades n’infectent pas les personnes de leur entourage qui leur sont chères. De plus, il faut limiter la propagation du virus pour réussir à mettre fin à la pandémie afin de préserver la santé générale. Et pour y contribuer, il est possible de faire un suivi des contacts afin de déterminer quelles sont les personnes infectées, et avec qui elles sont entrées en contact, encore une fois pour s’assurer de ne laisser aucune place au hasard. Mais tous les débats tournent uniquement autour des solutions technologiques qui sont proposées par le gouvernement, et à force de nous focaliser sur ce sujet, nous en avons oublié celui des mesures sanitaires.
De nombreux pays ont opté pour ce genre d’application, et ont donc développé leur propre application de suivi de contact. Mais encore aucun article ou recherche scientifique n’a pu prouver l’efficacité d’une telle application et d’un tel suivi. De plus, beaucoup de personnes pensent que l’efficacité de ce genre d’approche est très limitée. Nous ne devrions ainsi pas nous concentrer sur ce sujet qui n’aura peut-être aucun impact sur le ralentissement de l’épidémie, et nous devrions nous interroger sur les mesures sanitaires mises en place, pour nous assurer que ces dernières soient les plus efficaces possible. Se concentrer sur les réponses technologiques diminue l’importance et le sens des mesures non technologiques. De plus, en réfléchissant à cette mesure technologique, nous devrions nous interroger de manière plus vaste sur la politique concernant les récoltes de données à caractère personnel.
Mettre en place de nouvelles lois et un nouveau fonctionnement
L’une des réponses les plus durables que nous pouvons apporter est un nouveau fonctionnement dans la collecte de données, personnelles, et dans le stockage de ces dernières. En effet, le fonctionnement de tout notre pays a été altéré par la crise sanitaire, ce qui nous a forcés à remettre en question un certain nombre de choses. Et il serait peut-être temps de remettre en question la manière dont nous collectons les données de santé, et la manière dont elles sont ensuite gérées, pour apporter une réponse à tous les débats et interrogations qui ont vu le jour. Il faut trouver une réponse qui ne donne pas la sensation de devoir choisir entre vie privée et santé, et proposer des alternatives qui permettraient de conserver les deux, le tout sans éclipser les solutions sanitaires. Ainsi, il faudrait pouvoir mesurer, et trouver un compromis entre l’absence totale de solution de santé pour conserver la vie privée, et la centralisation de toutes les données de santé qui ruinerait complètement la vie privée. L’une des solutions serait la décentralisation. Mais nous ne parlons pas de décentralisation totale, car cela pourrait nous mettre en danger face à certains organismes comme Google et Apple. De plus, il faudrait trouver un moyen d’anonymiser réellement toutes les données pour protéger la vie privée des utilisateurs. Il faut qu’un profond changement soit mis en place, afin de reconstruire des bases saines pour la suite de notre société, tout en conservant le principe de démocratie et de protection de la vie privée. La crise sanitaire doit nous permettre de nous améliorer et de tirer des leçons, afin que nous puissions en sortir encore plus grands. De plus, tous les outils créés en ce moment pour lutter contre l’épidémie ne doivent pas ensuite être jetés aux oubliettes. Il faut les conserver, afin de pouvoir en faire quelque chose d’autre le moment venu. Ces outils peuvent vraiment servir à améliorer nos systèmes, tant que nous faisons attention de prendre en compte tous les enjeux. Nous devons rester vigilants à ce que les outils technologiques ne se retournent pas contre nous. Nous ne devons pas laisser les choses aller vers plus de surveillance, et nous ne devons pas non plus tomber dans l’abandon pur et simple des solutions technologiques, car ces dernières pourraient s’avérer très utiles sur le long terme.