À l’heure où j’écris cet article, mon pays, l’Algérie, compte plus de 8700 cas confirmés de contamination au Covid-19 depuis le début d l’épidémie, plus de 600 d’entre eux n’y ont malheureusement pas survécu. Malgré ces chiffres hautement alarmants, le gouvernement algérien n’a toujours pas pris des mesures assez efficaces pour stopper la propagation du virus. Malheureusement, ici, le confinement n’est pas totalement respecté et beaucoup continuent de vivre comme si de rien n’était.
Pour ma part, ainsi que pour une grande partie des Algériens conscients, je reste confiné chez moi avec ma famille. Nous limitons nos déplacements au maximum, nous ne sortons que pour faire les courses une fois par semaine ou pour faire un petit footing au bord de la mer, car nous avons la chance d’habiter à quelques mètres de la plage.
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Covid19 en Algérie : comment tout a commencé ?
Le virus a fait son apparition relativement tard en Algérie, le premier cas fut confirmé le 25 février 2020 au niveau de l’institut Pasteur d’Alger, soit plus de 3 mois après la découverte de la maladie à Covid-19 en Chine (le 17 novembre 2019). Cette dernière nous a été introduite par un ressortissant italien originaire de Lombardie, qui est l’une des régions d’Italie les plus touchées par l’épidémie. Cet Italien était sur le sol algérien depuis le 18 février dans le cadre de son travail dans une société d’hydrocarbure italienne privée.
Moins d’une semaine plus tard, le ministre de la santé, Abderrahmane Benbouzid, annonce la confirmation de 2 nouveaux cas, une mère et sa fille dans la wilaya (département) de Blida. Cette région devient alors l’épicentre de cette épidémie en Algérie car c’est à partir de là que le virus s’est rapidement propagé dans le reste du pays.
Les mesures phares du gouvernement algérien
Le moins que l’on puisse dire c’est que le gouvernement algérien a tardé pour mettre en place les mesures qui s’imposaient pour éviter l’introduction du virus dans le pays. En effet, la grande majorité du peuple reproche au président Abdelmadjid Tebboune de ne pas avoir fermé les frontières terrestres, aériennes et maritimes dès le début. Surtout qu’à ce moment, l’épidémie faisait des ravages dans les pays de l’autre côté de la méditerrané, notamment l’Italie, la France et l’Espagne. C’était donc prévisible et nul besoin d’être un génie pour savoir qu’en maintenant les déplacements internationaux, le virus allait certainement être introduit chez nous.
La première mesure concrète que la présidence de la république a prise c’est l’interdiction des rassemblements sportifs, culturels, politiques… L’annonce de cette mesure délicate fut accueillie soupçonneusement par le peuple algérien car elle survint en pleine période du « Hirak », c’est-à-dire les manifestations populaires rassemblant des centaines de milliers de personnes chaque vendredi et mardi pour exprimer leur rejet du gouvernement actuel. Beaucoup ont estimé que cette mesure avait seulement pour but de mettre fin à cette contestation populaire. Mais en voyant l’augmentation exponentielle du nombre de cas et de décès dans de nombreux pays du monde, le peuple s’est résigné et a décidé de geler provisoirement les manifestations ainsi que tout autre rassemblement.
La suspension des vols vers la Chine par la compagnie Air Algérie ne s’est faite qu’à partir du 3 février 2020, soit plus de 2 mois après que la chine ait enregistré son premier cas d’infection au Coronavirus. Par la suite vient le tour des vols vers Milan en Italie le 9 mars puis le Maroc le 12 mars. Petit à petit les frontières aériennes se ferment ainsi que les frontières terrestres avec la Tunisie, le Maroc, etc.
Le 17 mars, tous les avions et bateaux ont été mis à l’arrêt, ce qui a coincé de nombreux algériens dans d’autres pays, notamment la Turquie et la France. Ceci a obligé le gouvernement à les rapatrier progressivement en autorisant des vols exceptionnellement pour eux. Arrivés en Algérie, ils subissent automatiquement un examen médical puis sont immédiatement mis en quatorzaine (en isolement pendant 14 jours) pour éviter tout risque de contaminer d’autres personnes. Les mesures d’isolement n’ont malheureusement pas été très efficaces puisque des dizaines de cas ont été importés, surtout en provenance de la France.
Le 23 mars, le gouvernement algérien a décidé de mettre en confinement total la wilaya de Blida, épicentre de l’épidémie en Algérie, pendant 10 jours. La capitale, Alger, a été quant à elle mise en confinement partiel avec un couvre-feu de 19h à 7h et une interdiction de tout rassemblement de plus de 2 personnes.
Le confinement partiel s’est par la suite élargi à 9 autres wilayas (sachant que l’Algérie comporte 48 wilayas ou départements), dont celle où j’habite, à partir du 27 mars, toujours de 19h à 7h.
Le 5 avril, le confinement a été élargi avec un couvre-feu de 15h à 7h, puis il est passé à 17h pour le mois de Ramadhan (à partir du 23 avril). Le gouvernement n’arrête pas de modifier les horaires du couvre-feu, à l’heure où je vous parle il est fixé à 17h.
Toute personne qui ne respecte pas le couvre-feu est sanctionnée d’une amande et d’une mise en fourrière de son véhicule. Malgré ses mesures dissuasives, la majorité des algériens ne respectent pas le confinement, en partie car beaucoup ont un emploi non compatible avec le télétravail.
D’autres mesures ont été prises par le gouvernement au fur et à mesure que l’épidémie progresse, notamment la fermeture de tous les magasins (sauf les supermarchés et les épiceries), la fermeture de tous les restaurants, des écoles, des universités, des centres de formation, des salons de coiffure, des salles de sport, etc. Récemment, le port du masque est devenu obligatoire. Cette dernière mesure n’est pas encore appliquée d’après ce que je constate quand je sors faire mes courses. Cela est sûrement dû au fait que le prix des masques a décuplé depuis le début de la crise, comme à peu près partout dans le monde, et ce, malgré que les prix aient été plafonnés à 150 dinars algériens l’unité (soit environ 1€).
Comment le peuple surmonte la crise ?
Le peuple algérien, dans sa grande majorité, est un peuple qui prend de plus en plus conscience qu’il ne peut nullement compter sur ses hommes politiques pour gérer les crises. Ceci a été encore confirmé avec cette nouvelle épreuve qui a largement prouvé l’incompétence, l’amateurisme et la médiocrité du pouvoir en place. Heureusement, nous sommes un peuple qui fait preuve d’une solidarité formidable dans les moments difficiles, une solidarité et une détermination héritées de nos grands-parents révolutionnaires. Chacun apporte sa pierre à l’édifice ! On a vu des centaines de personnes, appartenant ou non à des associations, se mobiliser pour fabriquer des masques grâce à des matières premières fournies par des particuliers, on a vu des associations qui désinfectent plusieurs fois par jour des quartiers par leurs propres moyens et grâce aux dons récoltés, on a vu des restaurateurs cuisiner des bons plats au personnel soignant, des jeunes qui mettent en place des mesures de distanciation et d’hygiène dans les lieux publics (postes, préfectures…)…
À mon avis, ce sont ces mesures mises en place par les citoyens qui ont réduit considérablement les contaminations et la mortalité. Et heureusement pour nous ! Car notre système de santé n’est pas en mesure d’accueillir un nombre important de malades et de les prendre en charge efficacement.
Bien sûr, il existe toujours des éléments perturbateurs, des gens qui ne respectent pas les mesures en vigueur. C’est pour cela que les compagnes de sensibilisation ne cessent de se multiplier partout, notamment dans les réseaux sociaux.
Covid-19 en Algérie : pour conclure
La situation actuelle semble aller en s’améliorant, nous remarquons la diminution du nombre de malades et de décès. Évidemment, nous ne devons pas pour autant baisser notre garde, il faut que nous restions vigilants et que nous respections rigoureusement toutes les mesures recommandées par la principale autorité sanitaire mondiale (OMS), et ce, jusqu’à ce qu’elle déclare officiellement la fin de la pandémie. Cela semble encore loin, les recherches sont toujours en cours pour trouver un traitement efficace, ou mieux, un vaccin, seul en mesure de stopper la propagation de ce virus.