La médecine dentaire est en accroissement exponentiel. Les techniques, les matériaux et les concepts thérapeutiques sont en constante évolution. Le parodontiste doit se former continuellement pour pouvoir exercer sa profession. Les maladies parodontales sont des plaintes fréquentes en odontologie. Ces pathologies dentaires affectent environ 80 % de la population.
Table des matières
Qu’est-ce qu’un parodontiste ?
La parodontologie est une pratique médicale relevant de la médecine dentaire. Cette discipline prévient, diagnostique et soigne les déformations de la structure et les anomalies des tissus du soutien de la dent et des implants oraux. La parodontologie s’inscrit dans une démarche médicale continue et de qualité, car elle assure un soin à long terme au patient pris en charge afin de prévenir les réinfections. Le parodontiste est un spécialiste et un expert dans la santé bucco-dentaire. Il équilibre ses compétences entre prévention, diagnostic et traitement des pathologies et des affections qui touchent le tissu conjonctif des dents, des gencives et des os de la muqueuse buccale. Le parodontologue intervient dans le plan de soin, la prise en charge et la procédure de traitement des inflammations et des interventions chirurgicales des maladies gingivales. Il assure également des actes relevant de la chirurgie esthétique, par exemple pour redessiner le sourire et corriger les défauts dentaires (écart, déchaussement…) et des actes de chirurgie reconstructrice pour le cas de greffe osseuse et de pose d’implants dentaires et les soins dentaires des gencives douloureuses.
Quelles sont les maladies parodontales ?
Le parodonte constitue l’ensemble des tissus conjonctifs de la muqueuse buccale entourant les dents et permettant la soutenance de celles-ci. Il est constitué de 4 tissus : la gencive assure une action protectrice, l’os alvéolaire permet la fixation et la rigidité des fibres ligamentaires, le ligament alvéolo-dentaire intervient dans la liaison de la dent et de l’alvéole et le cément contribue à la fixation de la dent à la gencive. Le parodonte exerce une résistance contre les agressions mécaniques, assure la défense contre les micro-organismes, protège les dents et amortit les pressions exercées sur ces dernières. Les maladies parodontales sont causées par une infection des tissus conjonctifs liés à des bactéries présentes dans la plaque dentaire. Le biofilm contenant les germes cariogènes et parodontolgènes va provoquer une réaction inflammatoire et une destruction du collagène gingivale. Cette symptomatologie va faire apparaître succinctement des lésions dentaires et parodontales :
La carie
La carie est une protéolyse microbienne due à une bactérie appelée « Streptococcus mutans ». Cette affection très connue touche l’émail et la dentine et se forme suite au développement et à la stagnation de la plaque dentaire. La carie se présente sous deux formes cliniques :
- La carie de l’émail se traduit par une réaction exacerbée à la sensation de froid et de chaud. Le premier stade s’identifie par une tache blanche puis dans un second temps par une tache brune.
- La carie de la dentine (dentinite) s’identifie par une douleur brève et localisée au niveau de la dent provoquée par des chocs thermiques ou des aliments sucrés ou acides.
Si la carie n’est pas traitée, l’infection évolue vers une pulpopathie aigüe ou chronique
La pulpopathie
La pulpopathie correspond à l’atteinte de la pulpe dentaire par la carie provoquant l’inflammation de ses tissus. C’est littéralement la rage de dent. Elle est la continuité de la dentinite. Il existe deux évolutions de la pulpopathie :
- Aiguë : identifiable par une douleur violente, spontanée, continu et non-localisée due à l’inflammation du paquet vasculonerveux contenu dans le canal dentaire. Sans traitement adéquat, la pulpopathie aiguë aboutit à une nécrose pulpaire.
- Chronique : les douleurs sont absentes, mais peuvent être déclenchées par le mécanisme de mastication à faible intensité. L’examen endobuccal met en évidence la présence d’une lésion ulcérative profonde de la dent et de polype pulpaire et une absence de vitalité traduisant la nécrose ou la gangrène de la pulpe dentaire.
Les parodontites
Les parodontites sont des atteintes inflammatoires du parodonte. On distingue deux affections : la desmodontite et les granulomes et kystes dentaires.
La desmodontite
Aussi appelée périodontite ou monoarthrite dentaire, la desmodontite correspond à l’inflammation du ligament alvéolo-dentaire. On observe deux stades d’affection :
- Aiguë : identifiable par des douleurs pulsatives et irradiantes dans le nerf trijumeau (nerf ophtalmique, maxillaire et mandibulaire). La desmodontite aiguë est exacerbée la nuit en position couchée et par la chaleur sur la dent. Les douleurs peuvent être apaisées par le froid. Les tests de vitalité font apparaître une mortification dentaire. L’absence de traitement provoque une desmodontite chronique ou une suppuration parodontale.
- Chronique : non-algique, la vitalité dentaire est absente. L’examen endobuccal relève une coloration de la dent, un bombement du palais et de la mandibule et l’apparition d’une fistule.
Les granulomes et les kystes dentaires
Ces deux éléments constituent l’atteinte osseuse des alvéoles au contact des vaisseaux sanguins et nerveux de la dent. On peut observer la formation d’un tissu de granulation pouvant contenir des germes. Le granulome est une petite tumeur bénigne mesurant moins de 5 mm. Le kyste est une boule purulente située à l’intérieur de la maxillaire mesurant plus de 5 mm. Ils sont la suite évolutive de la carie et de la desmodontite.
Les parodontopathies
Les parodontopathies sont des affections inflammatoires d’origine bactérienne affectant les tissus conjonctifs de la dent. On parle de gingivite quand le tissu de la gencive est touché, de parodontite lorsque le cément et le desmodonte sont atteints et d’alvéolyse lorsque l’os alvéolaire présente une anomalie. Ses affections provoquent une perte de dentition et une infection bactérienne.
La gingivite
La gingivite est une inflammation des gencives se reconnaissant par une rougeur étendue, une texture lisse, des saignements, un œdème localisé et une hypersensibilité. L’accumulation de plaques bactériennes en est la cause. On distingue 3 types de gingivites : tartrique, ulcéronécrotique et odontiasique.
- La gingivite tartrique résulte de la calcification de la plaque dentaire et du dépôt de tartre. Celui-ci va provoquer une irritation et provoquer l’inflammation de la gencive et sa destruction progressive. Cette affection est causée par une mauvaise hygiène dentaire associée à la consommation fréquente de tabac et d’alcool. Non traitée, la gingivite tartrique évolue vers une parodontolyse (destruction progressive et irréversible du parodonte) puis une vers une gingivostomatite ulcéreuse.
- La gingivostomatite ulcéreuse se caractérise par un saignement abondant et une coloration blanchâtres des gencives ainsi qu’une augmentation anormale des tissus gingivaux (hypertrophie gingivale). Cette affection dentaire est présente chez les personnes présentant une diminution des leurs défenses immunitaires. Ces lésions peuvent être aussi à l’origine d’une hémopathie (maladie du sang).
- La gingivite odontiasique est liée à l’apparition des dents de sagesse. Ce phénomène engendre des douleurs puissantes provoquant une difficulté de déglutition et une atteinte des ganglions lymphatiques (adénopathie).
Qu’est ce que l’hypertrophie gingivale ?
L’hypertrophie gingivale correspond à l’augmentation et au développement excessif et anormal du volume des tissus de la gencive. Ce symptôme est très fréquent dans les pathologies parodontales. Les facteurs de cette anomalie peuvent être d’origine : congénitale liée au développement de la muqueuse buccale ; nutritionnel induit par une carence en vitamines C ; médicamenteux par la prise de traitement antihypertenseur anticonvulsif et contraceptif ; hormonale lié à la puberté ou à la grossesse et infectieux ou pathologique induit par l’apparition d’une mycose ou d’une hémopathie.
Qu’est ce qu’un abcès parodontal ?
L’abcès parodontal ne constitue pas une maladie parodontale, mais plutôt un symptôme possible de celle-ci. Il fait l’objet d’un diagnostic et d’un traitement particulier. L’abcès parodontal est désigné comme une infection purulente située à l’intérieur des tissus adjacents de la poche parodontale et peut conduire à la destruction du ligament du parodonte et de l’os alvéolaire. Cette infection résulte souvent d’une carie dentaire mal traitée. L’abcès est caractérisé par une douleur intense et par l’apparition d’une grosseur au niveau de la gencive.
Qu’est-ce qu’un foyer infectieux ?
Les foyers infectieux bucco-dentaires (FIBD) constituent une prise en charge quotidienne dans le métier du parodontiste. Il s’agit d’un enjeu important dans le traitement des maladies parodontales. Les FIBD regroupent les infections dentaires et parodontales ainsi que les péricoronarites et les péri-implantites initialement défini par la Société Française de Chirurgie Orale. Ces infections peuvent être d’origine virale, bactérienne ou mycosique et touchent la structure dentaire ou les tissus conjonctifs. Le non-traitement d’un foyer infectieux entraîne des infections sur la région buccale, faciale et métabolique.
- Buccale : apparition d’ostéite (inflammation des tissus osseux), de stomatite érythémato-ulcéreuse (inflammation de la muqueuse buccale), d’abcès et les maladies parodontales…
- Faciale : apparition d’une sinusite maxillaire, d’une cellulite (extension infectieuse dans la zone celluloadipeux de la face et du cou), d’une adénite (inflammation des nœuds lymphatiques) ou d’une trombophlébite (œdème inflammatoire des veines faciales)…
- Métabolique : présence de fièvre, peut provoquer une septicémie ou une méningite, mais aussi une complication cardiaque (endocardite…), ophtalmologique (œil rouge injecté de sang…) et des métastases au niveau du système nerveux central, de la structure osseuse et des reins.
Quels sont les facteurs influents des maladies parodontales ?
Les facteurs environnementaux et biologiques comme la mauvaise hygiène bucco-dentaire, les déficits immunitaires et nutritionnels, la germination de bactéries dans la plaque dentaire et la mauvaise hygiène de vie contribuent à détériorer la muqueuse buccale. Les maladies infectieuses comme le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) ou les maladies métaboliques comme le diabète peuvent provoquer des pathologies parodontales. Celles-ci sont aussi très présentent chez les femmes enceintes ou ménopausées, chez les personnes âgées de + de 75 ans et chez les hommes plus que les femmes.
Quand consulter un parodontiste et quels sont les signes précurseurs ?
Certaines maladies parodontales peuvent progresser sans signes cliniques. La Haute Autorité de la Santé (HAS) recommande une consultation une fois par an auprès de votre dentiste généraliste. Le contrôle dentaire quotidien auprès du dentiste est indispensable pour assurer un suivi de l’état dentaire et permettre d’identifier des anomalies. Pendant ce moment, le dentiste pourra vous orienter vers un parodontiste, car ces deux professionnels travaillent en étroite collaboration. La fréquence des consultations auprès de votre dentiste ou de votre parodontologue peut variée en fonction de vos problématiques. Les signes précurseurs d’une maladie parodontale sont :
- Les saignements inexpliqués
- Une douleur dentaire ou gingivale
- Une rougeur ou une boursouflure
- Des dents qui paraissent plus longues
- Une halitose
- Une dent qui bouge
- Une suppuration
- Un abcès
- Un mauvais goût dans la bouche
- La perte de dents.
Tous ces éléments doivent vous pousser à consulter en urgence afin d’éviter une aggravation ou une complication.
Quels sont les traitements effectués par un parodontiste ?
La parodontiste réalise des interventions non-chirurgicales comme le curetage et le resurfaçage radiculaire. Cette technique consiste à effectuer un nettoyage en profondeur. Le curetage consiste à retirer la plaque dentaire et le tartre qui se sont formés sur la dent et les bordures de la gencive. Le resurfaçage radiculaire consiste à lisser et à éliminer les rugosités qui se sont formées sur les racines. Dans un contexte chirurgical, le parodontiste contribut à la rémission des gencives et des tissus conjonctifs soutenant la dent. Il peut effectuer une gingivectomie, des interventions aux lambeaux pour le déchaussement des dents par exemple et la greffe de tissus mous ou de structure osseuse ou la pose d’implants dentaires.
Qu’est-ce qu’un implant dentaire ?
Les dents nous aident à mastiquer, à déchiqueter les aliments, à déglutir et à parler. Elles contribuent hautement à la formation du sourire et à l’esthétique du visage. Il est alors important de les maintenir en bonne santé et prévenir les risques de chutes dentaires ou la formation d’anomalies de la muqueuse buccale. La perte des dents entraîne une difficulté de mastication et d’élocution, des troubles musculaires et articulaires, un déplacement des dents voisines, un déséquilibre de la flore buccale conduisant à l’apparition de maladies parodontales. L’implant dentaire est une vis en titane prenant la forme d’une racine dentaire. La parodontologue le place dans la mâchoire. Il est utilisé pour remplacer une ou plusieurs dents manquantes ou supporter une prothèse dentaire.
À quel moment poser un implant ?
L’implant est posé après une période de trois à six mois. Ce laps de temps permet la guérison complète de l’affection et la cicatrisation osseuse. La pose de l’implant se fera à la suite de plusieurs séances avec votre parodontologue.
Quels examens pour les maladies parodontales ?
- L’examen endobuccal permet de rechercher la présence de saignements, d’évaluer la contenance et la quantité de la plaque bactérienne, de mesurer la profondeur des poches et le niveau d’attache clinique. Ce premier diagnostic permet aussi d’évaluer la mobilité et/ou le déplacement dentaire.
- La radiographie contribue à apporter des précisions et à confirmer le diagnostic posé.
- Le diagnostic microbiologique n’est pas appliqué en systématique. Il permet d’identifier la bactérie ou le champignon responsable de l’infection ou de la maladie.
Quels sont les traitements des maladies parodontales ?
Les traitements ont pour but de prévenir, traiter et réparer et favoriser la régénération des tissus parodontaux abîmés. Les moyens thérapeutiques sont les traitements médicamenteux et les traitements non-chirurgicaux et chirurgicaux.
- Les traitements non-chirurgicaux : détartrage, surfaçage, polissage
- Les traitements médicamenteux : prise d’antiseptique locale en bain de bouche (médicament : chlorexidine), antibiothérapie et antalgique.
- Le traitement chirurgical : technique du lambeau d’assainissement (déchaussement des dents), la technique de régénération tissulaire guidée (régénération des structures parodontales) et la technique du comblement osseux (greffe et pose d’implants).
Quelles préventions ?
Une bonne hygiène bucco-dentaire est indispensable pour prévenir les maladies parodontales. La Haute Autorité de la Santé recommande un brossage des dents deux fois par jour avec un dentifrice adapté afin de déséquilibrer la plaque dentaire. Si possible avec une brosse à dent à poils souples, changée au minimum tous les 3 mois et en brossage circulaire et doux de la gencive à la dent. Il est conseillé d’utiliser du fil dentaire et des brossettes interdentaires à chaque brossage afin d’éliminer les dépôts alimentaires et d’effectuer un bain de bouche permettant de limiter la formation de tartre. Le contrôle biannuel permet de dépister les maladies parodontales et de pouvoir informer sur le plan de soin dans une dynamique d’éducation thérapeutique. L’arrêt du tabac peut vous être aussi conseillé. Privilégiez une alimentation saine et équilibrée et limitez vos apports en sucre. La consommation de chewing-gum sans sucre peut être bénéfique, car la mastication augmente la production de salive et permet de neutraliser les acides produits par les bactéries.
Comment se passe une consultation avec un parodontiste ?
Lors de votre visite, le parodontiste échangera avec vous afin de connaître vos pathologies, vos antécédents médicaux, vos traitements en cours et votre état de santé actuel. Certains médicaments ou maladies peuvent avoir un effet sur les soins prodigués comme c’est le cas pour le diabète ou les maladies cardiovasculaires. Il est important de signaler votre grossesse à votre parodontiste. Certaines radiographies ne peuvent pas être réalisées pendant cette période. Ensuite, le parodontologue vous installe sur un fauteuil dentaire et examine vos gencives, vos mâchoires, vos dents et les écarts interdentaires. Ce professionnel peut être amené à utiliser une sonde pour mesurer la profondeur des poches entre vos dents et vos gencives et réaliser une radiographie pour pouvoir apporter un diagnostic plus précis. Certains actes médicaux sont pris en charge par la sécurité sociale et la mutuelle complémentaire.
Les maladies parodontales sont très répandues et concernent tous les âges.